mardi 22 avril 2014

Chronique de l’échec d’une stratégie

Le 5 mars dernier, le gouvernement de Pauline Marois, à rebours de leur propre promesse de tenir des élections à date fixe, dissolvait l’assemblée élue en 2012, ce fruit si décevant de l’éphémère printemps étudiant. Trente-trois jours plus tard, l’hécatombe électorale ! J’étais, ce soir-là, comme un grand nombre d’entre vous quelque peu effrayé de voir pointée cette ombre sordide qu’est ce nouvel hiver libéral sur notre coin de terre. Et comme beaucoup d’entre vous, les quelques signes positifs sur lesquels m’accrocher manquaient terriblement… Du moins, ce n’est pas les gains de la Coalition avenir Québec (CAQ) ou la victoire d’un troisième député de Québec solidaire (QS) qui rendront l’avenir moins terne. Pas dans notre système parlementaire britannique en tout cas. Enfin, les médiats sociaux (du moins les miens) se sont couchés assez tôt ce soir-là et la confusion et le désespoir furent les seuls compagnons de sommeil pour un grand nombre de souverainistes.

Dès le lendemain, après s’être aperçu que nul cauchemar n’avait été la cause de notre nouvelle réalité, le silence se transforma en îlots d’interprétations diverses sur le résultat des élections de la veille. Une seule chose les unissait tous : la confusion. Bien sûr, je ne parle pas de la frange fédéraliste de la population qui y a trouvé une sempiternelle occasion de crier à la mort du « séparatisme », mais bien de ceux qui croient encore au Québec. Pour autant, il n’est nul besoin d’être un « pur et dur » pour voir dans ce nouveau règne libéral quelque chose ressemblant étrangement à la case départ de 2003 et même les militants les plus obtus de QS ou de la CAQ savent très bien que leurs petites victoires restent bien ternes face au couronnement du monarque des « vraies affaires ». 
Mais encore, me direz-vous, est-ce qu’un nouveau gouvernement péquiste (même majoritaire) aurait été un évènement si extraordinaire qu’il aurait pu décorer de nouvelles pages à nos livres d’Histoire, comme ce fut le cas en 1976 et en 1994? Pas vraiment. Et c’est bien là tout le problème, car si le PQ n’a pas été en mesure de capitaliser sur l’espoir d’un peuple qui ne demandait (et qui ne demande toujours) que ça, c’est bien parce que la victoire de celui-ci ne dessinait aucuns des lendemains qui chante que la majorité (les 58% qui ont votés contre le PLQ) des Québécois demandent depuis plus de dix ans. 

Hélas ! Pour le mouvement souverainiste, un grand nombre de nos camarades, au lieu de prendre quelque temps afin de réfléchir à l’état de la situation, sont tombés dans le travers de la recherche du bouc émissaire[1]. C’est de la faute à Québec Solidaire! C’est de la faute à Option nationale (ON)! J’ai même parfois entendu du dire que c’était en partie celle du RRQ!? Ah qu’il est réconfortant de mettre la faute sur les autres, hein ! Le déni est un mécanisme de défense très rudimentaire que même les psys à deux sous connaissent bien. Mais à l’instar de la plèbe moyenâgeuse qui brulait des innocents et lançait des anathèmes à ceux qui leur révélaient les vérités qu’ils ne voulaient pas entendre, certains péquistes fanatisés par la défaite se mirent à semer leur courroux sur tout un chacun en oubliant au passage que c’est la stratégie qu’ils supportent qui a perdu. Et en amenant malheureusement tout le Québec avec elle…      

La défaite du PQ n’est pas un évènement conjoncturel propre à je ne sais quelle trahison, mais un mur sur lequel le PQ devait inévitablement se frapper. Tous les signes avant-coureurs y ont été observés et pourtant savamment ignorés. Du dépassement par l’ADQ (2007) à la victoire par défaut de 2012, en passant par le renversement du bloc[2] par le NPD, un seul constat : Le PQ est condamné à être une coalition souverainiste temporaire, autrement il perd. Dans son histoire, toujours il a perdu quand il a essayé de jouer au parti de gouvernement, alors de voir certains militants péquistes mettre l’échec de leur parti sur la faute de ceux qui en dénoncent l’égarement provincialiste (ON) ou qui prennent l’espace laissé vacant à gauche (QS) par un PQ jouant maladroitement la carte identitaire à la sauce ADQ-2007, cela relèvement clairement du déni de réalité. 

Et laissez-moi vous dire que certains y vont fort! J’ai entendu récemment, chez un militant de ce type, prétendre (au risque du ridicule) que QS et le PLQ complotaient ensemble contre le PQ. J’ai aussi pu observer plusieurs sites douteux comme le fameux « Dossier QS » et sa campagne de collant dénonçant le complot islamo-communiste de QS. Certains en sont même à ressortir des boules à mites le passé[3] de Roger Rashi et Françoise David afin de nous prouver que leur militantisme d’il y a près de 40 ans prouvait bien leur soi-disant double langage d’aujourd’hui. Je vous avoue que malgré tous mes griefs contre QS, cette campagne de salissage n’a fait que me donner un peu plus de sympathies pour ce parti et je ne crois pas être le seul dans cette situation. Ce n’est pourtant pas un si grand secret que ça que ce genre de campagne de peur ne fonctionne que pour l’électorat réactionnaire et que, du coup, elle a probablement dû bien plus fait de torts au PQ qu’à QS.

Enfin, inutile de tergiverser sur ces stratégies grotesques et revenons à l’essentiel, soit la cause de la libération de notre peuple. Historiquement, ce n’est pas le premier coup dur et cette époque néolibérale et réactionnaire n’est encore pas grand-chose au regard de la centaine d’années de repli que vécurent nos aïeules après 1837. Dans cet ordre d’idée, ceux affectionnant tout particulièrement la politique identitaire du PQ et sa charte seront prompts à affirmer que contrairement à l’époque ultramontaine, l’époque actuelle est submergée par l’immigration et l’islamisme, ce qui serait un danger spécifique de notre époque. Bien, sans tenir compte du fait qu’il y a une énorme part de fantasme dans cette peur (surtout pour ce qui est des musulmans) et que le Québec a, depuis la conquête, toujours été submergé par l’immigration[4], il est important de rappeler que ce qui incite la majorité des immigrants à immigrer à un endroit, ce n’est pas l’amour de la nouvelle patrie, mais bien la richesse de celle-ci. Or, le Canada anglais a toujours eu pour vocation de piller le Québec pour leur profit, ce qui explique pourquoi les immigrants le quittent très rapidement pour suivre la richesse pompée vers l’Ouest. Et par bonheur, ce sont les immigrants les moins opportunistes qui souvent restent. Alors, au lieu de se conter des peurs sur les musulmans qui complotent contre le Québec, il serait toute à l’honneur de notre cause que de continuer à leur tendre la main. Pour ce qui est des communautés serviles au pouvoir canadien et hostiles de génération en génération aux volontés de notre peuple, seules la fierté et l’affirmation de tout un chacun pourront leur fermer le clapet. Du moins, cela aura probablement beaucoup plus d’impact qu’une charte formelle potentiellement pas plus respectée que celle sur la langue française.          

Mais, au-delà de l’identité de notre peuple, qui inévitablement change constamment peu importe qu’il y ait de l’immigration ou pas, il importe de comprendre que ce qui pose problème chez nous ce n’est pas tant l’origine de nos très lointains aïeuls, mais le fait que nous sommes assujetties à un système qui nous a volé notre droit à l’autodétermination et c’est bien dans ce combat que doit être forgé l’identité de notre peuple.

Tout cela est bien beau, me diriez-vous, mais n’est-il pas primordial de tous s’unir afin d’affronter nos geôliers? Et comme les autres partis n’ont aucune chance de gagner les prochaines élections, nous devrions tous voter PQ en masse? Évidemment, l’argument remâché n’est pas sans logique dans l’absolu, mais encore une fois il faut cesser de réfléchir avec des « y-faudrait-dont-que » et tenir compte des réalités. S’il existe des partis concurrents, ce n’est pas à cause d’un quelconque complot, mais parce que le PQ n’agit plus depuis longtemps en coalition, mais en parti de gouvernement provincial attentiste à l’excès[5]. Alors vous pourrez crier au traitre comme il vous le plaira, mais la situation n’en changera pas pour autant. À moins que vous vouliez enlever le droit de vote aux militants souverainistes, votre travail (je dis cela aux militants spécifiquement péquistes) est de le remettre sur la voie qui lui donna le pouvoir autrefois, soit une cause claire avec des objectifs bien définis ainsi qu’une démocratie authentique en son sein. Autrement le PQ n’a pas d’avenir. Mais pour y parvenir, il vous faudra vous battre à mort contre cette caste d’apparatchik qui, en plus de détruire le parti, fait un grand tort au mouvement tout entier. Et il n’est pas certain que ça soit plus aisé que d’en bâtir carrément un autre, si vous voulez mon avis. Autrement, le PQ continuera sa dérive national-autonomiste néolibérale et finira inévitablement à se fondre avec la CAQ pour se disputer le pouvoir avec les libéraux dans le bon vieux bipartisme, fondement du système de Westminster.

Pour ce qui est de l’heure présente, prenons le temps (maintenant que nous en avons) pour repenser la stratégie et en revenir aux fondamentaux. Ce qui veut dire qu’il faut impérativement en finir avec la partisanerie! D’autres partis existent. Encore une fois, pas à cause d’un quelconque complot, mais parce qu’ils représentent des sensibilités politiques demandant représentation. Alors, soit on fait comme s’ils n’existaient pas (et on sait ce que ça donne), soit on en prend acte et on collabore, ce qui sous-entend des primaires ou quelque chose d’équivalent. Ensuite, on cesse de se prendre la tête avec des sujets de diversions comme la charte et la façon de faire de la bonne gouvernance provinciale. Il y a amplement d’éléments consensuels dans le principe de la maitrise de notre destin pour faire collaborer la gauche et la droite dans l’idée d’indépendance. D’ailleurs, le fait d’avoir plusieurs partis pourrait même être un avantage si nous pouvions mettre en place une démocratie proportionnelle, comme celle que le PQ proposait et qu’il a abandonnée pour des raisons bassement partisanes.    

Enfin, tout un chantier nous attend, mais si nous étions capables d’accepter sereinement que tout est à recommencer, depuis la fausse défaite de 95, nous pourrions nous éviter une seconde phase de dormance centenaire. Car cette fois-ci on risque bien, contrairement à celui des années soixante, de se réveiller sur un tas de ruines, ce que les libéraux ne manqueront pas de nous laisser comme héritage si nous les laissons faire.

Benedikt Arden


[1] La stratégie du bouc émissaire a, en fait, débuté bien avant la défaite, lorsque les sondages ont commencé à la prédire.
[2] Je confonds le Bloc Québécois avec le Parti du même nom pour des raisons évidentes.
[3] Évidemment le passé de Gille Duceppe, lui, n’a rien de comparable!?
[4] Les Anglais ont toujours utilisé l’immigration comme arme d’assimilation.
[5] Certaines mauvaises langues pourraient même affirmer que, comme les vieux partis communistes, ils exploitent l’espoir de révolution de leurs électorats afin de s’assurer leurs votes, mais sans y croire une seule seconde.

samedi 5 avril 2014

Le renouvellement des arrangements constitutionnels: le voleur qui crie «Au voleur!»

Le lundi matin 31 mars, lors de sa conférence de presse quotidienne, le chef du Parti libéral du Québec, Philippe Couillard, s'est inspiré d'un article publié le matin même dans le journal La Presse, détenu par le monopole Power Corporation. Il a commencé par dire que l'article intitulé « Le choc, la charge, la charte » prouve sans l'ombre d'un doute une « machination calculée » par le PQ pour « créer une crise sociale » au Québec qui conduirait à une « confrontation » avec le gouvernement fédéral, résultant dans une impasse juridique qui « fournira des munitions pour la cause souverainiste ».

Interrogé par des journalistes pourquoi il y voyait un problème au fait que le PQ mettrait de l'avant une stratégie pour gagner les Québécois à l'idée de la souveraineté, il a écarté la question en disant qu'il n'y a pas de problème que des partis fassent valoir ouvertement leurs idées souverainistes, mais que la façon dont cela est fait en « créant une crise sociale » sur la question de la Charte des valeurs est « inacceptable » parce que c'est une « machination machiavélique » et qu'il n'a « jamais de sa vie politique rien vu d'aussi cynique que cela ».

Eh bien, il semble que le docteur Couillard a quelques trous de mémoire sur le passé récent et moins récent de la politique québécoise. Se rappelle-t-il de la façon dont, en 1995, lors du référendum tenu au Québec, les libéraux de Jean Chrétien se sont assurés que les résultats soient en faveur du Non ? La Commission Gomery a exposé une série de manigances que les libéraux de Jean Chrétien ont utilisées pendant et avant le référendum pour acheter des votes et influencer l'électorat, ce qui a culminé la veille du référendum par le fameux « love-in » organisé à Montréal sous le thème « Mon Canada inclut le Québec ». En quoi cela est-il différent d'une « machination calculée » ? Peut-il se porter garant que son parti n'est pas derrière l'hystérie créée récemment autour du mot « référendum », et largement promu par lui-même et ses candidats durant les deux premières semaines de cette élection ?

Où se situe-t-il sur la question de la « Loi sur la clarté » adoptée en 1999 par le parlement canadien sur ce qui constitue une « majorité acceptable » aux yeux du gouvernement fédéral advenant un autre référendum au Québec ? N'est-ce pas un prétexte pour organiser une « crise sociale » en ayant le gouvernement fédéral qui déclare illégitimes les résultats d'un autre référendum, créant ainsi les conditions pour invoquer la Loi sur les mesures de guerre ? Comment est-ce que Couillard peut garder le silence sur le fait que certaines forces dans le reste du Canada discutent ouvertement dans les médias de l'organisation d'un « référendum préventif pancanadien » pour arrêter toute nouvelle initiative par le gouvernement du Québec de tenir un autre référendum ? N'est-ce pas une « machination calculée ». Nous avons affaire ici au voleur qui crie: « Au voleur ! ».

Ce que le peuple doit se rappeler, c'est que le Parti libéral du Québec s'est opposé à l'idée d'un référendum qui place au coeur des discussions la volonté du peuple d'affirmer sa souveraineté. Discuter ensemble de l'avenir du Québec va à l'encontre tout ce que les libéraux représentent aujourd'hui, qui est le statu quo constitutionnel, soit le maintien des arrangements qui datent de l'époque des bâtisseurs d'empire coloniaux du XIXe siècle.

Aujourd'hui, ces sont ces mêmes dispositions constitutionnelles qui donnent la légitimité juridique au gouvernement Harper et aux gouvernements des provinces et du Québec d'utiliser le plein poids du pouvoir exécutif et/ou de leur majorité au Parlement pour mettre en place ou décréter de nouveaux arrangements au sein de l'État qui favorisent les intérêts privés des monopoles. Cela se fait aux dépens du bien public, en opposition à la volonté du peuple qui veut la garantie des droits individuels et collectifs dans le cadre d'une société moderne. Par exemple, il n'est pas surprenant que les libéraux de Charest et maintenant sous Couillard promeuvent encore plus la privatisation du système de soins de santé comme le soi-disant remède à la crise dans laquelle ils nous ont eux-mêmes plongés.

Le parti libéral a montré maintes et maintes fois qu'il est coincé dans ses anciennes façons de créer des crises pour maintenir un statu quo constitutionnel qui étouffe autant la nation québécoise que le reste du Canada. Au contraire, nous avons besoin d'occuper l'espace du changement nous-mêmes en mettant sur pied des commissions sur l'avenir du Québec.

Fernand Deschamps, candidat du PMLQ dans St-Laurent (élection 2014)

lundi 24 mars 2014

PKP, le PQ et la cause du peuple

C’est arrivé le 9 mars dernier, l’un des deux grands magnats du Québec en ce qui concerne le monopole médiatique et l’abêtissement public officialisait sa candidature dans la circonscription de St-Jérôme sous les couleurs du PQ. Cette nouvelle, quoique très peu surprenante, a tout de même fait couler beaucoup d’encre sans compter qu’elle a provoqué l’éveil de quelques Elvis Gratton, comme le grand intellectuel Sam Hamad! « Intellectuel » cuistre évoquant tout le respect qu’il porte à ses électeurs dans cette citation : « les gens de Québec, ils ne veulent pas un pays, ils veulent une équipe de hockey »! Cet épique commentaire est tout à fait digne de celui qui l’exprime. Il est seulement fort désolant de constater qu’encore autant de gens dans notre société soient à ce point éloignés de tout esprit civique pour toujours plébisciter ce genre d’individu.

Enfin, pour revenir à notre candidat « vedette », l’inénarrable Pierre Karl Péladeau (dit PKP) change maintenant de peau et laisse tomber son ancien rôle de capitaliste sans scrupule pour devenir l’homme de la Nation! Outre les commentaires des fédéralistes et autres personnes du même acabit, qui n’ont dans le fond aucune espèce d’importance, il est fort intéressant de voir les réactions des péquistes « de gauche », comme ceux du SPQ libre, qui se vautrent dans l’argumentaire du front uni tout en cachant à peine l’énormité de la couleuvre qu’ils doivent avaler afin de maintenir l’impérative unité. Évidemment, militer au côté d’un des pires patrons auxquels le mouvement syndical a dû faire face relève évidemment du grand art, mais aussi d’une des grandes difficultés que pose la position des militants souverainistes et socialistes. Car la lutte d’indépendance parasite autant la lutte des classes que la lutte des classes parasite la lutte d’indépendance dans une situation de peuple colonisé. Il est sûr que ce paradoxe n’est pas perçu avec autant d’aplomb dans le tiers-monde que dans le monde occidental et il est certain que ces projets se sont toujours mieux mariés dans des périodes plus difficiles du point de vue économique et social, un peu comme nous l’avons connu avant les années 1970. Malgré tout, et surtout depuis les années 1980, ce problème tend à refaire surface lors des situations d’« unions sacrées », qu’elles soient d’un point de vue d’une union des gauches (Québec Solidaire) que d’union des souverainistes (Parti Québécois), car ces unions ont en partie le même électorat. Le problème est donc d’abord une question de priorité, car tous ceux qui veulent un changement radical sont contraints de vouloir l’union des forces progressistes, même s’il n’existe pas de place pour deux fronts unis de ces types dans notre paysage politique. Cette situation rend donc le terrain politique assez complexe d’un point de vue stratégique et il n’est pas aisé de voir quelle stratégie est la plus convaincante pour les militants de la gauche souverainiste.

mardi 18 mars 2014

DICTATURE ET DÉMOCRATIE, DES NOTIONS DISTINCTES MAIS NON DISJOINTES

De tout temps, les philosophes et autres sociologues tentent de résoudre le problème fondamental qui se pose dès qu'on aborde ces concepts de « démocratie » et de « dictature ». Pourtant, il n'appartient pas qu'aux philosophes ou aux sociologues et autres « politologues » seuls de résoudre cette question, tant il en est qu'ils puissent le faire, ou, obnubilés par les nombreuses idéologies des classes dominantes qui se sont succédées depuis la Grèce de Périclès jusqu'à nos jours, en passant par la féodalité du Moyen-Âge, qu'ils soient même possible qu'ils le fassent, encadrés comme ils l'ont toujours été, par une superstructure idéologique qui ne répond qu'aux intérêts des dominants.

Ni Crito ni Socrate n'ont pu répondre à cette question parce que l'un et l'autre était des gentes dominantes d'Athènes avec la conviction que rien ne pouvait plus représenter le progrès que la société athénienne d'alors. Nous sommes en 399 avant l'Ère chrétienne. De même, les capitalistes d'aujourd'hui et leurs perroquets d'usage, considèrent la société capitaliste comme la forme la plus élevée possible.

Nous répondrons donc à leur place. Tant que la société de classe existera, les mêmes arguments reviendront sans cesse. Ce qu'il nous faut, c'est transformer le monde pour transformer les consciences et fonder une société nouvelle, encore plus avancée.

vendredi 7 mars 2014

Venezuela : Socialisme et Pénurie

On ne peut se lasser de décortiquer le langage des médias. Tenez, lorsqu’ils utilisent le mot « Pénurie ». Rappelons aux plus jeunes que « Pénurie » (avec une majuscule) est synonyme de « socialisme ». Là où il y du socialisme, il y a de la Pénurie. La Pénurie s’installe là où il a du socialisme. Pénurie et socialisme voyagent dans le même train. Si vous vous amusez à toucher aux lois du marché, le marché se venge en se pénurisant. La Pénurie est la conséquence du socialisme. Le socialisme produit la Pénurie. Pénurie et Socialisme sont dans un bateau mais personne ne tombe à l’eau, ou alors tous les deux, parce que Pénurie et Socialisme sont fermement agrippés l’un à l’autre.

A contrario, le capitalisme ne produit jamais de Pénurie. Impossible. Il voudrait le faire qu’il ne saurait pas comment s’y prendre, car le capitalisme répond à des besoins. Et là où il y a des besoins, le capitalisme répond. Donc, pas de Pénurie. On parlera éventuellement de rupture de stocks, ou de pénurie (avec un « p » minuscule, comme dans « pénurie de logements à Paris ») mais pas de Pénurie. Cette Pénurie-là est inhérente au socialisme. La petite pénurie/rupture du capitalisme est juste une période transitoire d’ajustement de la loi de l’offre et la demande.

Exemple : les 10.000 enfants qui meurent de faim par jour ne sont pas les victimes d’une Pénurie alimentaire (Pénurie=socialisme, rappelez-vous) mais d’une malencontreuse et temporaire inadéquation entre l’offre et le demande. C’est-à-dire que la demande n’a pas encore été identifiée par le marché. L’offre ne s’est donc pas encore ajustée à la demande. Nul n’est censé ignorer les lois du marché. Alors patience, les enfants, car les ajustements structurels sont en cours. Revenez dans 100 ans, et vous verrez.

mercredi 5 mars 2014

L'Europe, c'est la guerre!

D'hier jusqu'à aujourd'hui, les arguments de la défense de la "civilisation" et de la "paix" ont bien souvent servi à mettre en place les pires desseins. Pire encore qu'hier, le "camps occidental" prépare présentement le cadre général de la prochaine grande guerre et cela à notre insu. Dans cette longue conférence, François Asselineau met en lumière et en perspective tous ces éléments d'avenir si funestes que construisent nos belliqueuses élites, mais dont il nous est encore temps de freiner l'élan!   

mercredi 26 février 2014

Roger Rashi : L'histoire du PCO & de la Ligue Marxiste-Léniniste



Mémoire militante vous invitait le 25 février à revisiter l'histoire d'une importante organisation politique dans l'histoire du Québec: le Parti communiste ouvrier (PCO). 

Roger Rashi, ex-président de ce groupe marxiste-léniniste, était le conférencier pour cette soirée. Tout en faisant un retour sur le contexte politique global du Québec de l'époque, Roger Rashi traita sur les fondements idéologiques du PCO ainsi que sur leur mode d'action. De plus, Roger Rashi est revenu sur certains aspects (la question nationale notamment) qui ont contribué à la dissolution de ce parti fort important dans l'histoire du Québec. 

Le Parti communiste ouvrier a existé de 1975 à 1982 et connait des milliers de membre, ce qui en fait l'une des plus grosses organisations politiques de gauche de l'histoire du Québec.

mercredi 15 janvier 2014

Notre identité

Le mémoire du PMLQ apporte une perspective bien claire sur comment nous forgeons notre identité en tant que peuple. Il n'est pas possible de poursuivre ces activités qui rendent la vie sociale possible, et permettent d'affronter la vie dans toute sa complexité, sans que cela ait un effet sur nous et sans que cela produise une identité. La façon dont nous gagnons notre vie, notre participation à la vie sociale et culturelle, les rapports que nous entretenons entre nous et avec les autres peuples du monde, tout cela crée une identité — un «caractère national», pour ainsi dire. Ça ne peut pas faire autrement. Le fait de vivre une situation spécifique, de gagner sa vie d'une façon spécifique, de communiquer dans une langue spécifique, crée nécessairement quelque chose de commun, ce quelque chose qu'on appelle «identité» ou «caractère national».

C'est pourquoi il faut surtout porter attention à la qualité de ces rapports, de comment nous gagnons notre vie, individuellement et en tant que société, comment nous participons à la vie sociale et culturelle et comment nous interagissons entre nous et avec les peuples du monde. On ne peut pas accepter que, juste parce que le français est la langue officielle et que le Québec est fait de gens de différentes origines nationales, le problème de l'identité peut être réglé sur la base des vieilles conceptions appelées intégration, assimilation ou multiculturalisme. Ce sont différentes façons d'accomplir la même chose, mais accomplir quoi? Est-ce conforme à ce que le peuple souhaite? Est-ce décidé par le peuple?

La vieille façon de faire les choses ne permet même pas de commencer à traiter des conditions concrètes de la vie ou des aspirations du peuple. Mais une chose est certaine : en abordant cette question ensemble nous développons notre identité. Ce n'est pas sans raison que le problème se pose. C'est parce qu'il est nécessaire de réunir les énergies créatives de tout le monde pour créer une identité qui correspond exactement aux aspirations du peuple, qui correspond au désir de vivre dans la sécurité et dans la paix, qui correspond au désir de liberté réelle et de progrès.

Amélie Lanier

dimanche 5 janvier 2014

"Marx et la Nation" de Didier Thévenieau




Je n’ai ni le goût, ni le temps de faire des concours de vitesse avec des statues mais en ce jour de Pâques, le son des cloches est trop fort pour ne pas avoir envie de ramener ici, le silence de la pensée nécessaire à toute humanité.

Au-delà des propos haineux d’une partie du NPA à l’égard du PG et de Jean-Luc Mélenchon (peut-être minoritaire mais bruyante), il est un point de philosophie politique qui semble échapper à celles et ceux qui n’ont lu Marx que dans les revues de leurs maîtres, et qui se refusent à penser en écartant toute idée qu’ils pourraient se tromper (fiers des résultats de leur stratégie certainement ?). Ce questionnement c’est celui qui cherche à comprendre les liens entre Marx et la Nation. Et à ne lire que des fragments, on en oublie l’essence même du marxisme.

Souvent est répétée à l’envie cette phrase du Manifeste : "Les prolétaires n’ont pas de patrie". De là les courtes vues ont pris des positions figées et fausses, d’un côté en imposant leur anarchisme ou leur internationalisme contre la nation, et de l’autre en dénonçant les marxistes comme des traîtres à la patrie. Le problème, c’est que cette phrase est instrumentalisée des deux côtés.

Si on peut comprendre ce détournement malhonnête du côté des nationalistes et capitalistes patriotiques, on a du mal à l’admettre aujourd’hui chez celles et ceux qui se réclament de la lutte des classes et qui l’affaiblissent en ne luttant que contre eux-mêmes.

Quand Marx et Engels écrivent cette phrase, ils veulent justement dénoncer la classe dominante qui ne permet pas à la classe ouvrière d’avoir une place dans la nation. En aucun cas ils nient l’idée de nation, et jamais ils ne disent que les prolétaires ne doivent pas avoir de patrie ! Au contraire, le prolétariat doit "conquérir la nationalité" et "conquérir la démocratie." La classe ouvrière doit se constituer en nation sans se laisser réduire au nationalisme bourgeois (ce que tente de faire une partie du NPA aujourd’hui), ni se laisser impressionner par l’idée patriotique du capitalisme assassin. Le prolétariat doit refonder la nationalité.

samedi 4 janvier 2014

Michéa face à la stratégie Godwin

Récemment associé à la galaxie lepéniste par un dossier du "Point", le philosophe Jean-Claude Michéa, auteur d'"Impasse Adam Smith", répond à ses détracteurs et se défend face à la tentative d'annexion de sa pensée antilibérale par l'extrême droite. 
 
Un hebdomadaire faisait sa une, il y a quelques semaines, sur les «néocons», vous bombardant comme l'idéologue le plus emblématique d'une véritable lame de fond identitaire, souverainiste et protectionniste, et amalgamant votre nom à celui de Marine Le Pen, soi-disant admirative de vos écrits. Qu'est-ce que cela vous inspire ? 

Jean-Claude Michéa : N'exagérons rien ! Le magazine de François Pinault a d'ailleurs bien pris soin - sans doute pour brouiller un peu plus les pistes - d'inclure également, dans sa liste noire des «néoconservateurs à la française», des personnalités telles que Régis Debray, Arnaud Montebourg, Natacha Polony, Benoît Hamon ou Yves Cochet. Liste dont l'absurdité devrait sauter aux yeux puisque la nébuleuse «néoconservatrice», telle qu'elle a pris naissance aux Etats-Unis, est plutôt connue pour son soutien constant aux politiques de Reagan et de Bush père et fils - trois présidents qu'il est difficile de tenir pour de farouches contempteurs du capitalisme ! Naturellement, la pratique qui consiste à inverser délibérément le sens des mots afin de rendre plausibles les amalgames les plus fantaisistes n'a rien de nouveau.

Clemenceau et Staline avaient ouvert la voie - le premier en forgeant, en 1906, la notion de «complot anarcho-monarchiste» et le second, dans les années 30, celui d'«hitléro-trotskisme». Ce qui est nouveau, en revanche, c'est l'agenda idéologique qui préside à ce type d'amalgame. Au XXe siècle, en effet, les évangélistes du capital se contentaient généralement de dénoncer la «main de Moscou» dans toute critique - fût-elle simplement keynésienne - de l'économie de marché. Or, une telle stratégie est devenue sans objet une fois l'empire soviétique disparu et actée la conversion définitive des gauches occidentales au culte du libéralisme économique et culturel. De ce point de vue, c'est certainement la publication, en 2002, du Rappel à l'ordre, de Daniel Lindenberg (ouvrage qui entendait déjà dresser la liste des «nouveaux réactionnaires»), qui symbolise au mieux la nouvelle donne idéologique. Ce petit livre, écrit à la demande de Pierre Rosanvallon (alors l'un des membres les plus actifs du Siècle, le principal club de rencontre, depuis 1944, de la classe dirigeante française), est en effet le premier à avoir su exposer de manière aussi pédagogique l'idée selon laquelle le refus «d'acquiescer à l'économie de marché» et l'attachement corrélatif aux «images d'Epinal de l'illibéralisme [sic]» constituait le signe irréfutable du retour des «idées de Charles Maurras». C'est, bien sûr, dans le cadre de cette stratégie (que j'appellerais volontiers, en référence au point du même nom, la stratégie Godwin) qu'il faut interpréter la récente initiative du Point (magazine dont la direction compte d'ailleurs dans ses rangs certains des membres les plus éminents du Siècle). Tous ceux qui pensent encore que la logique folle de la croissance illimitée (ou de l'accumulation sans fin du capital) est en train d'épuiser la planète et de détruire le principe même de toute socialité ne devraient donc nourrir aucune illusion. Si, comme Bernard-Henri Lévy en avait jadis exprimé le vœu, le seul «débat de notre temps» doit être «celui du fascisme et de l'antifascisme», c'est bien d'abord au prétexte de leur caractère «conservateur», «réactionnaire» ou «national-nostalgique», que les contestations radicales futures seront de plus en plus diabolisées par les innombrables serviteurs - médiatiques, «cybernautiques» ou mandarinaux - de l'élite au pouvoir.

vendredi 3 janvier 2014

Alain Deneault en croisade contre la gouvernance

Suivant les traces de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan, les gouvernements occidentaux s'engagent de plus en plus dans ce qu'ils appellent la « gouvernance », c'est-à-dire, selon Alain Deneault, le projet d'adapter l'État aux intérêts et à la culture de l'entreprise privée. 

Dans l'essai Gouvernance : le management totalitaire, l'auteur montre que les citoyens sont les grands perdants dans cette manière de gouverner, qui les éloigne de la prise de décisions et qui fragilise la démocratie.

lundi 23 décembre 2013

La modernité contre la démocratie

Pour Francis Dupuis-Déri, la démocratie n'est pas celle que l'on croit et son histoire est encore plus méconnue. Détestée et ridiculisée pendant des siècles, la démocratie était vue comme le pire des régimes pendant des générations en Occident. Dans Démocratie. Histoire politique d'un mot (Lux éditeur, 2013), le professeur au Département de science politique de l'UQAM conclut avec fracas : le Canada n'est pas une démocratie et ne l'a jamais été.

vendredi 20 décembre 2013

Mandela est mort. Pourquoi cacher la vérité sur l’apartheid ?

Mandela a qualifié la défaite assenée par les internationalistes à l’armée raciste de Cuito Cuanavale de victoire pour l’Afrique. Le peuple cubain éprouve des sentiments de fraternité profonde avec la patrie de Nelson Mandela.

L’Empire a peut-être cru que notre peuple ne tiendrait pas parole lorsque, pendant les jours incertains du siècle passé, nous avions affirmé que Cuba continuerait à lutter si l’URSS disparaissait.

La seconde guerre mondiale a éclaté lorsque, le 1er septembre 1939, le fascisme nazi envahit la Pologne et s’abat comme la foudre sur l’héroïque peuple d’URSS qui a donné 27 millions de vies pour préserver l’humanité de ce brutal massacre qui mit fin à la vie de plus de 50 millions de personnes.

Par ailleurs, la guerre est l’unique activité que, tout au long de l’histoire, l’homme n’a pas été capable d’éviter; ce qui a conduit Einstein à répondre que s’il ne savait pas comment serait la 3ème guerre mondiale, la 4ème serait certainement à coup de pierres et de bâtons.

Si nous additionnons les moyens disponibles des deux plus grandes puissances, les États Unis et la Russie, elles disposent de plus de 20.000 ogives nucléaires. L’humanité devrait savoir que, 3 jours après l’avènement de John F. Kennedy à la présidence de son pays, le 20 janvier 1961, un bombardier B-52 américain, effectuant un vol de routine et transportant deux bombes atomiques 260 fois plus puissantes que celle utilisée à Hiroshima, est précipité au sol lors d’un accident. Des mécanismes de sécurité très sophistiqués et complexes doivent alors intervenir pour éviter l’explosion des bombes. Tout fonctionne à la perfection pour la première qui tombe au sol sans risque; trois des quatre mécanismes de sécurité de la seconde ne fonctionnent pas, le quatrième présente des dysfonctionnements majeurs et s’il n’y a pas d’explosion, c’est par pur hasard.

samedi 14 décembre 2013

Portrait du patriote Amury Girod

Amury Girod entre dans la vie active en pleine effervescence de la lutte des peuples d'Amérique pour affirmer leur indépendance. Né en Suisse vers 1798, il approche la vingtaine lorsqu'il se rend en Amérique du Sud pour participer aux luttes anticolonialistes qui s'y mènent. Après avoir combattu contre les Espagnols au Mexique, certains disent avec le titre de lieutenant-colonel de cavalerie, Girod est en Colombie où il se joint à la lutte de Simon Bolivar, peut-être pour y ouvrir des écoles d'agriculture. C'est son domaine d'étude et les nouvelles républiques andines en ont besoin. Après un retour en Europe où il voyage dans divers pays, Girod revient au Mexique et passe ensuite aux États-Unis où il aurait entendu parler de la lutte de libération du Bas-Canada pour s'affranchir du joug britannique. Lorsqu'il arrive à Québec en 1831, il sait parler l'italien, l'espagnol, l'allemand, l'anglais et le français.

Il offre ses services au journal Le Canadien. Ses articles portent sur l'importance de l'enseignement des sciences, des mathématiques et de l'histoire naturelle. Il propose de créer dans chacun des districts de Québec, Trois-Rivières et Montréal une institution qui comprendrait une école normale et une ferme modèle. Dans une conférence prononcée au Quebec Mechanic's Institute il dit:

« Notre objet, c'est de combler l'abîme que l'ignorance et la présomption ont creusé entre la science et l'industrie. L'érudition du savant est stérile si elle ne devient pas utile à la vie pratique; les arts et l'industrie sont irréguliers et sans précision sans l'aide de la science. »[1]

lundi 9 décembre 2013

Petite réflexion sur les chartes de droits

Récemment, je suis tombé sur une petite brochure du jeune Karl Marx intitulée « La Question juive » (1843). Cette brochure est, comme son titre le laisse entrevoir, une virulente critique de la morale judaïque et de ses implications sur le monde matériel. Mais détrompez-vous, vous qui croyez peut-être que je vais délibérer sur le terrain religieux. Tout au contraire! Quoique le complément critique que propose Marx à Bruno Bauer soit loin d’être sans intérêts, ce qui a attiré mon attention dans cette brochure est un sujet parallèle traité dans le texte, soit celui de la question des chartes de droits. Et comme vous le savez peut-être, les questions relatives aux chartes de droits, principes pratiquement métaphysiques chez ceux que l’on appelle les « chartistes », sont des plus actuelles chez nous. Surtout avec tous ces débats biaisés et creux concernant la charte des valeurs québécoises (projet de loi 60) et ses implications dans la fonction publique. 
 
Outre la très importante distinction faite entre « homme » et « citoyen » dans cette critique des chartes de droits, ce que j’y ai retrouvé de plus frappant, c’est le lien très évident que fait Marx entre droit dit de l’homme et droit du capitaliste (ou bourgeois). Ce parallèle, qui pourrait paraitre étonnant chez l’homme de gauche du commun et qui sera considéré à l’inverse comme une révélation du caractère totalitarisant du marxisme chez l’homme de droite, est pourtant bien évident quand l’on se pose la bonne question. Dans une société de droit qui se veut libre et démocratique et dont le caractère économique est purement social, en quoi est-ce que le statut privé de l’industrie peut-il être considéré comme un droit? Cette question, même si elle est pourtant vieille comme la société capitaliste, est encore à ce jour loin d’être réglé. Et c’est cette question qui est posée via la critique des chartes de droits. Mais avant d’aller plus en avant, partageons un extrait de cette fameuse brochure de Karl Marx :

jeudi 5 décembre 2013

Tête à tête Frédéric Taddeï et Régis Debray

Dangereux terroriste interdit de séjour aux USA, rejeté par la droite complexée (la gauche moderne du PS) car resté de gauche (la vraie !) Régis Debray a aujourd'hui 72 ans.

dimanche 1 décembre 2013

L’austromarxisme & la lutte ouvrière de la culture nationale

Dans la société capitaliste, la classe ouvrière est exclue de la communauté nationale de culture. Seules les classes dominantes et possédantes s’approprient les biens nationaux de culture. Le parti ouvrier social-démocrate aspire à faire de la culture nationale, produit du travail du peuple tout entier, la propriété de l’ensemble du peuple, et à rassembler ainsi tous les membres d’un même peuple en une communauté national de culture, à réaliser la nation en tant que communauté de culture.

Quand la classe ouvrière lutte pour des salaires plus élevés et un temps de travail plus court, quand elle veut édifier le système scolaire de manière à ce que l’école donne aussi l’accès aux trésors de leur culture nationale aux enfants du prolétariat, quand elle exige une liberté totale de presse, d’association et de réunion, elle lutte pour les conditions d’extension de la communauté national de culture.

Mais la classe ouvrière sait que les travailleurs, au sein de la société capitaliste, ne peuvent jamais accéder à la jouissance complète de la culture nationale. C’est pourquoi elle doit conquérir le pouvoir politique et transférer les instruments de travail de la propriété privé à la propriété sociale. C’est seulement dans une société fondée sur la propriété sociale et la production coopérative que le peuple entier sera convié à participer à la jouissance des biens nationaux de culture et à collaborer activement à la culture nationale. La nation doit d’abord devenir une communauté de travail, avant de pouvoir devenir une communauté de culture pleine et véritable se déterminant elle-même.

C’est pourquoi la socialisation des moyens de travail est l’objectif, et la lutte de classe, l’instrument de la politique nationale de la classe ouvrière.  

Otto Bauer, La question des nationalités et la social-démocratie (1907), 
P. 534 & 535

mardi 26 novembre 2013

CONFÉRENCE : La vraie nature du capitalisme selon le prof. Lauzon

Les Étudiant-e-s socialistes UQAM organisaient, le mardi 19 novembre 2013, une conférence de Léo-Paul Lauzon discutant de la vraie nature du capitalisme.
 
Léo-Paul Lauzon est professeur à l'UQAM à l'École des sciences de la gestion ainsi que critique sociale et blogueur. Souvent appelé à commenter et à débattre l'actualité dans les médias, Léo-Paul Lauzon écrit plusieurs chroniques pour des journaux communautaires. Il a fait également l'objet de nombreux reportages au sein de revues, de journaux. Il est l'auteur et le co-auteur de 70 études et de près de vingt livres, dont les deux derniers, intitulés Comptes et Contes du prof Lauzon, se sont classés parmi les meilleurs vendeurs au Québec pendant plusieurs mois. Finalement, il est un des rares critiques sociales qui se réclame du socialisme.


jeudi 14 novembre 2013

Déclaration d'appui du PCQ au projet de loi 60

Le Comité Exécutif Central du PCQ a convenu, par un vote unanime, plutôt la semaine dernière, de donner son appui au projet de loi 60, portant sur la création d'une charte québécoise sur la laïcité.

Le PCQ convient que le projet de loi, tel que déposé par le gouvernement de madame Pauline Marois, est encore loin d'être parfait.  N'aurait été que de nous, nous aurions encore changé plusieurs choses.  Une chose demeure.  Ce projet, même dans sa forme actuelle, demeure de très loin souhaitable au maintien du statu quo sur les questions de laïcité au niveau des services rendus par l'État québécois.

Il est encore difficile de savoir ce qui adviendra de ce projet de loi.  Ultimement, il pourrait encore y avoir certains changements, de manière a permettre son adoption à l'Assemblée nationale.   Nous, au PCQ, aimerions que le projet de loi soit effectivement bonifié encore plus, mais nous sommes malgré tout prêts à l'appuyer, y compris dans sa forme actuelle.
Le Comité Exécutif Central du PCQ convient également  des conclusions suivantes :

mardi 12 novembre 2013

Table ronde : Les origines et objectifs de la construction européenne



Les participants : 

Annie Lacroix-Riz, Ancienne élève de l'école normale supérieure (Sèvres), élève de Pierre Vilar, agrégée d'histoire, docteur ès lettres, professeur émérite d'histoire contemporaine à l'université Paris VII -- Denis Diderot, Annie Lacroix-Riz est spécialiste des relations internationales dans la première moitié du XXe siècle. Ses travaux portent sur l'histoire politique, économique et sociale de la Troisième République et de Vichy, sur la période de la Collaboration dans l'Europe occupée par les nazis, sur les relations entre le Vatican et le Reich ainsi que la stratégie des élites politiques et économiques françaises avant et après la Seconde Guerre mondiale. Elle est également connue pour son engagement communiste au "Pôle de renaissance communiste en France" (PRCF), gardien de l'orthodoxie marxiste et en rupture complète avec le Parti communiste français.

Annie Lacroix-Riz a publié de nombreux ouvrages, dont plusieurs ont connu un certain retentissement et ont provoqué des polémiques, et notamment "Industriels et banquiers français sous l'Occupation : la collaboration économique avec le Reich et Vichy", Paris, Armand Colin, coll. « Références » Histoire, 1999, "Le Choix de la défaite : les élites françaises dans les années 1930", Paris, Armand Colin, 2006, ou encore "L'intégration européenne de la France : La tutelle de l'Allemagne et des États-Unis", Paris, Le Temps des cerises, 2007.

Jean Bricmont, Professeur de physique théorique à l'université catholique de Louvain, membre de l'Académie royale de Belgique, est notamment l'auteur du livre Impérialisme humanitaire : Droits de l'homme, droit d'ingérence, droit du plus fort ? 

John Laughland : Docteur en philosophie de l'Université d'Oxford, ancien lecteur à la Sorbonne et à l'Institut d'Études Politiques de Paris, John Laughland est un journaliste britannique eurocritique qui a publié des articles dans de nombreux journaux prestigieux du monde anglo-saxon comme le Guardian, le Mail on Sunday, le Sunday Telegraph, le Wall Street Journal, le National Review, etc. Parfaitement francophone, il est depuis 2008 le Directeur de l'Institut de la Démocratie et de la Coopération à Paris et chercheur au Centre pour l'Histoire de l'Europe centrale à la Sorbonne (Paris -- IV).

En 1997, John Laughland a publié un livre retentissant au Royaume-Uni : The Tainted Source: The Undemocratic Origins of the European Idea" dans lequel il analyse les affinités idéologiques de l'Union européenne avec le fascisme, le nazisme et le communisme. Ce titre, dont la bonne traduction en français serait La Source Corrompue, ou Les Origines antidémocratiques de l'idée européenne a paru en France ches François-Xavier de Guibert sous un titre curieusement éloigné de la puissance du titre original : La Liberté des nations, essai sur les fondements de la société politique et sur leurs destruction par l'Europe.

vendredi 11 octobre 2013

La religion du capital


Les progrès du socialisme inquiètent les classes possédantes d'Europe et d'Amérique. Il y a quelques mois, des hommes venus de tous les pays civilisés se réunissaient à Londres, afin de rechercher ensemble les moyens les plus efficaces d'arrêter le dangereux envahissement des idées socialistes. On remarquait parmi les représentants de la bourgeoisie capitaliste de l'Angleterre, lord Salisbury, Chamberlain, Samuel Morley, lord Randolph Churchill, Herbert Spencer, le cardinal Manning. Le prince de Bismarck, retenu par une crise alcoolique, avait envoyé son conseiller intime, le juif Bleichrœder. Les grands industriels et les financiers des deux mondes, Vanderbilt, Rothschild, Gould, Soubeyran, Krupp, Dollfus, Dietz-Monin, Schneider assistaient en personne, ou s'étaient fait remplacer par des hommes de confiance.

Jamais on n'avait vu des personnes d'opinions et de nationalités si différentes s'entendre si fraternellement. Paul Bert s'asseyait à côté de Mgr Freppel, Gladstone serrait la main à Parnell, Clémenceau causait avec Ferry, et de Moltke discutait amicalement les chances d'une guerre de revanche avec Déroulède et Ranc.

La cause qui les réunissait imposait silence à leurs rancunes personnelles, à leurs divisions politiques et à leurs jalousies patriotiques.

mardi 1 octobre 2013

Au-delà de la charte

Depuis peu, un vent de folie a atteint le Québec. Un vent qui ne m’a même pas laissé la chance de l’ignorer un tant soit peu et qui par de violentes et massives bourrasques de bêtises, m’oblige à remettre quelques pendules à l’heure. Car je crois qu’il est évident que les débats que les politiques nous imposent ici comme partout où la politique stagne, sont de ceux qui ne méritent pas beaucoup plus que du mépris. Ceci pour la simple et bonne raison qu’ils ne servent généralement pas à faire avancer le pays là où il doit aller, mais seulement là où les tactiques politiciennes veulent nous mener, soit vers leur victoire aux prochaines élections(1). La charte des valeurs du PQ n’est rien d’autre que cela, mais malgré tout elle ouvre la porte à certaines réflexions autour de la place de l’identité dans le cadre d’une nation, qui, me semble-t-il, est d’un grand intérêt dans le contexte actuel. Alors essayons de s’élever au-dessus de l’émotif et tâchons de réfléchir comme des gens raisonnables. 

D’abord, une charte pour quoi? Une charte est un ensemble de règles et de principes fondamentaux dans une institution. Ici on parle de chartes pour désigner soit une partie de la Constitution soit une loi d'une importance particulière comme la Charte des droits et libertés de la personne, ou celle de la langue française (loi 101). En sommes, quelque chose qui fait office de principes constitutifs. La première constatation que l’on peut faire, c’est qu’une charte « québécoise », donc encadrée par le gouvernement du Québec, possède un boulet fondamental à sa mise en place. Soit celui de n’être qu’une province d’un autre pays et, de ce fait, d’être assujettie à une autre constitution. Une constitution qui en l’occurrence promeut d’autres valeurs. Notamment celle du multiculturalisme, qui considère justement qu’il n’existe pas de valeurs communes. Alors, il n’est nul besoin d’être un avocat très chevronné pour comprendre qu’il y aura une bataille juridique plutôt inégale, qui ne risque en rien d’être différent de celle autour de la loi 101 face à la cour fédérale. Finalement, le risque que cette charte soit autre chose que ce que fut le débat sur l’identité nationale en France en 2009, autrement dit un débat de polarisation en vue des prochaines élections, est de mon point de vu certain. Enfin, plusieurs (dont moi) auront plutôt le bon jeu de réitérer que l’identité ne peut être protégée que par une souveraineté politique complète, ce qui n’est actuellement pas le cas présentement au Québec.

lundi 30 septembre 2013

L'origine impérialiste des « accommodements raisonnables »


Au centre de la discussion sur les valeurs québécoises on trouve la notion d'accommodements dits raisonnables. Qu'entend-on par « accommodements raisonnables » ?

La notion d' « accommodements raisonnables » n'est pas une notion moderne. Elle est enracinée dans les notions de « tolérance » de l'État britannique du XIXe siècle. En Angleterre, quand l'État britannique a forcé l'Irlande à la soumission et privé le people irlandais de son droit de parler sa langue et de pratiquer sa religion, la notion britannique de tolérance a donné au droit de conscience une définition étriquée, c'est-à-dire le droit de conscience d'être protestant mais pas le droit de conscience de préconiser des droits pour tous. Cela était considéré comme extrémiste et subversif que de réclamer les droits de tous. L'intolérance de l'église catholique envers les soi-disant hérétiques était invoquée pour dire que quiconque s'opposait à l'intolérance catholique était de facto partisan de la tolérance. L'opposition à l'« intolérance » de l'église catholique qui excluait de la communauté les personnes considérées comme des hérétiques, tous ceux et celles qui s'ouvraient à autre chose que ses dogmes religieux (la fameuse « excommunication »), était donc considérée comme une bonne chose.

Mais se battre pour ses droits était subversif et une mauvaise chose. Alors tirant les leçons de ce qui s'était produit en Irlande, les Britanniques ont été plus astucieux quand est venu le temps du Québec.

Au Québec la notion d'accommodements raisonnables trouve ses racines à l'époque où les colonialistes britanniques établissaient leur État dans le haut et le bas Canada, en particulier après la suppression des Patriotes qui fut suivie du rapport Durham et de la Confédération de 1867.

lundi 23 septembre 2013

Le syndicalisme de combat, d'hier à aujourd'hui... Pierre Klépock

Soirée débat sur l'Histoire du syndicalisme ouvrier au Québec : Qu'est-ce que le syndicalisme de combat, d'hier à aujourd'hui...

Conférence gratuite (contribution volontaire), kiosque de livres et produits de la boutique du Québécois. Conférence disposée en table ronde pour favoriser les débats, dans une ambiance conviviale et décontractée. Souper et bière dispos.

Organisée par le RRQ-Montréal, avec le conférencier Pierre Klépock, syndicaliste, délégué d'atelier et journaliste ouvrier depuis une trentaine d'années. 

Ouvrier métallurgiste, Pierre a commencé à militer syndicalement en usine, dès l'âge de 20 ans, dans le quartier St-Henri, à titre de délégué à la santé-sécurité au Travail, puis, président de son unité locale.

Militant indépendantiste et socialiste, dans un esprit internationaliste et marxiste, il a participé, jusqu'aujourd'hui, avec ses frères d'armes de différents partis et groupes politiques, au combat pour la libération nationale et l'émancipation sociale du peuple Québécois. 

Chroniqueur syndical dans la presse alternative et de gauche, il a écrit pour plusieurs journaux comme : Le Bagarreur et le Trait d'Union, du Syndicat des Métallos (FTQ), l'Aut'Journal, Le Forum intersyndical, Le Taon dans la cité, La Voix du Peuple, Unité ouvrière, etc.

Il a fait plusieurs voyages en France et en Belgique, à titre d'observateur et de journaliste avec les métallos en lutte de la CGT et de la FGTB.

Aujourd'hui, il est militant et journaliste au puissant Syndicat des Cols bleus regroupés de Montréal (local 301). Il prendra la parole à titre personnel.