mercredi 12 juin 2019

La gauche radicale doit-elle boycotter les élections et les institutions ?


L’idée n’est pas neuve et celle-ci existe depuis le tout début de nos systèmes électifs représentatifs, ceux que nous appelons un peu vite « démocratie ». Tous les courants de pensée radicalement opposés au système en place ont d’ailleurs leurs franges antiparlementaires et ceci autant à droite qu’à gauche. C’est d’autant plus le cas pour la gauche, que l’un de ses principaux courants de pensée (l’anarchisme) est ontologiquement opposé à toute forme de pouvoir. C’est-à-dire que celui-ci est opposé au principe même d’autorité politique, eut-elle pour fonction de changer l’ordre établi.

Cependant, ici, l’idée n’est pas de traiter des idéaux anarchistes, mais bien de la tactique du boycott des élections et des institutions bourgeoises en général. La gauche radicale s’est depuis toujours déchirée sur la question. Et encore aujourd’hui, le bien-fondé de la question reste encore tout à fait d’actualité, puisque plusieurs groupes politiques ont récemment appelé à participer comme à boycotter les dernières élections européennes, qui a d’ailleurs eu un d’abstention de près de 50% !

L’idée des partisans du boycott est bien sûr de ne pas se rendre coupables de participer au système qu’ils combattent. Ce fut le cas, par exemple, pour les « frexiters » du PRCF[1], lors des dernières élections européennes, mais ce fut également le cas du parti communiste révolutionnaire, lors des élections provinciales québécoises d’octobre 2018. Même si d’innombrables cas équivalents peuvent être retrouvés ici ou là, le modus operandi est presque toujours le même, soit officiellement dénoncer le système par le boycott et officieusement s’accaparer d’une façon ou d’une autre le score de l’abstention comme d’une victoire électorale.

Pourtant, une chose est sûre, l’abstention est aussi vieille que les élections elles-mêmes et jamais aucune d’entre elles ne s’est fait annuler pour cause de manque de participation. Même des élections aussi ignorées que celles des commissions scolaires, qui ont un taux de participation d’environ 5% (c’est-à-dire une abstention d’environ 95%!), n’ont jamais été annulées pour cette raison. Les organisateurs et les participants s’offusquent bien sûr du manque de participation des citoyens, mais le message qui est généralement perçu est surtout que les gens sont désintéressés à la chose publique et développent du cynisme, mais jamais qu’ils s’opposent au système en place. Même dans un pays rongé par une guerre de sécession, comme celle qui a lieu en ce moment même en Ukraine, ne suffit pas à faire admettre aux dirigeants que l’abstention puisse s’apparenter à un boycott. Et c’est bien normal, puisque ceux qui dominent le système en place n’ont aucun intérêt à délégitimer un système électif qui les favorise. Cela reviendrait à saper leur propre légitimité « démocratique ». 

Mais alors, pourquoi est-ce que des organisations d’extrême gauche continuent-elles à faire du tapage autour d’un boycott qui n’a historiquement jamais porté de fruits ? Après tout, si l’on ne souhaite pas participer aux élections, rien ne nous y oblige. Il y a toute sorte d’autres moyens de faire de la politique, même que certains diront que c’est justement hors des élections que la vraie politique se pratique. En fait, la vraie question serait surtout de savoir qu’elle est le rôle que l’on souhaite se donner dans tout ça, car le lobbying social et écologique de bien des ONG a démontré qu’il est tout à fait possible d’avoir un impact sur le monde sans gagner une quelconque élection.

Le dilemme de la participation ne vient donc pas des organisations de la « société civile », mais bien des organisations révolutionnaires, puisque celles-ci se donnent pour vocation de prendre les reines du pouvoir ou de le détruire pour créer un autre ordre. Ils ne peuvent donc pas se contenter d’influencer le pouvoir. Ils ont besoin d’éliminer complètement le pouvoir en place pour mettre en pratique leurs idées. C’est dans cette optique que la question de la participation aux élections se pose. Dans pareil cas, les données du dilemme sont très simples. Soit on joue le jeu institutionnel, soit on entreprend des actions clandestines en vue d’une prise de pouvoir illégale soit on tente de faire les deux à la fois.
C’est en partie pour résoudre ce dilemme que Lénine écrivit le 7e chapitre de « La maladie infantile du communisme », dans lequel il répondait aux « gauchistes[2] » allemands et hollandais qui souhaitaient boycotter les élections et les institutions bourgeoises comme pratique révolutionnaire :

Si même ce n'était pas des "millions" et des "légions" [comme le concède les communistes de « gauche» NDLR], mais simplement une minorité assez importante d'ouvriers industriels qui suivait les prêtres catholiques, et d'ouvriers agricoles qui suivait les grands propriétaires fonciers (…), il en résulterait déjà sans le moindre doute que le parlementarisme en Allemagne n'a pas encore fait son temps politiquement, que la participation aux élections parlementaires et aux luttes parlementaires est obligatoire pour le parti du prolétariat révolutionnaire précisément afin d'éduquer les couches retardataires de sa classe, précisément afin d'éveiller et d'éclairer la masse villageoise inculte, opprimée et ignorante. Tant que vous n'avez pas la force de dissoudre le parlement bourgeois et toutes les autres institutions réactionnaires, vous êtes tenus de travailler dans ces institutions précisément parce qu'il s'y trouve encore des ouvriers abrutis par la prêtraille et par l'atmosphère étouffante des trous de province. (…)

Nous, bolcheviks, avons participé aux parlements les plus contre-révolutionnaires, et l'expérience a montré que cette participation avait été non seulement utile, mais même indispensable au parti du prolétariat révolutionnaire, précisément après la première révolution bourgeoise en Russie (1905), pour préparer la seconde révolution bourgeoise (février 1917) et puis la révolution socialiste (octobre 1917). (…) Les Hollandais et les "gauches" en général raisonnent ici en doctrinaires de la révolution, qui n'ont jamais participé à une révolution véritable, ou qui n'ont jamais médité l'histoire des révolutions, ou qui prennent naïvement la "négation" subjective d'une institution réactionnaire pour sa destruction effective par les forces conjuguées de divers facteurs objectifs. Le moyen le plus sûr de discréditer une nouvelle idée politique (et pas seulement politique) et de lui nuire, c'est de la défendre en la poussant à l'absurde.

Ce que Lénine présente ici comme une « idée poussée à l’absurde » est ce besoin de boycotter par principe l’élection et l’institution combattue, puisqu’elles offrent tout de même des opportunités au combat révolutionnaire clandestin. Il faut simplement s’ajuster à la situation pour en tirer le meilleur profit et ne pas être dogmatique. Ce sur quoi Lénine insiste est qu’il peut être tout à fait juste de participer à toutes les élections, comme a aucune. Il peut aussi être pertinent de donner des consignes de vote ou d’appeler au vote blanc[3], mais le boycott par principe des institutions qui touche les masses prouvent simplement que leurs partisans ne font pas de politique, mais plutôt de l’idéologie.

Je précise qu’il en va de même pour les syndicats réformistes et leurs manifestations, trop souvent boycottés par l’extrême gauche au nom de la « radicalité ». Prêcher la pureté dans son coin et agir en dehors des masses n’apporte rien de plus que la marginalisation et laisse le champ libre aux organisations centristes, voire réactionnaires.

Je fais la nuance, car pour agir politiquement, il faut avoir une prise sur le réel et la théorie marxiste précise bien que c’est dans le nombre que se joue la force des faibles. Évidemment, on peut parfaitement être en désaccord avec le marxisme et plutôt favoriser le réseautage et le complot au combat de classes, mais dans tous les cas, le boycott des institutions comme action proactive ne présente aucun intérêt.

Les systèmes électoraux ainsi que les institutions sont effectivement biaisés, puisque façonnés par ceux qui en tirent profit, mais l’intérêt pour les révolutionnaires ne devrait pas être de nuire à la gauche radicale quand elle participe aux élections. D’un point de vue purement théorique, le choix de la politique du pire pourrait se justifier par un résonnement dialectique[4], mais comme le dirait Frédéric Lordon, la politique du pire peut se révéler du provisoire qui dure ! Il est donc très hasardeux de valoriser la victoire de nos adversaires pour favoriser la radicalisation de l’opposition, puisque l’Histoire a démontré mainte fois que l’hégémonie favorise d’abord et avant tout l’hégémonie! Le matérialisme dialectique, ou plus précisément « le passage du quantitatif au qualitatif », ne doit pas être compris comme une mécanique de science naturelle, mais comme une tendance de long terme. C’est pourquoi l’espoir et les petites victoires participent aussi à la montée des mouvements radicaux. Les années soixante l’ont d’ailleurs largement démontré, avec cette émergence protéiforme de contestations, qui ont caractérisé cette époque.

En fait, tout est question de contexte et de dosage. Il n’y a pas de recette magique, si ce n’est une bonne capacité à analyser les rapports de force et les causalités de nos gestes. Parfois, la gauche institutionnelle peut être le pire ennemi du progressisme, quand celle-ci usurpe l’étiquette de « gauche », comme pour le parti socialiste (voir parfois les macronistes) en France, le parti démocrate aux États-Unis ou le nouveau parti démocratique et le parti libéral au Canada. Dans pareille cas, le vote dit « utile » est absurde, puisque ces partis pourront opérés des politiques de droite, avec l’assentiment des syndicats et de leur électorat, ce qui rendra encore plus difficile de résister à leurs politiques. Néanmoins, les partis qui comportent encore un personnel combattant et minimalement désintéressé, même si social-démocrate et modéré, peuvent s’avérer pertinents à soutenir.

Il faut tout de même maintenir du recul vis-à-vis de la partisanerie, car des trahisons, comme celle de SYRIZA en Grèce, sont toujours à risque de survenir. Dans pareil cas, la leçon a tirée n’est pas le boycott des institutions, mais plutôt celui des traitres.

Rappelons ce qu’écrivait Lénine « tant que vous n'avez pas la force de dissoudre le parlement bourgeois et toutes les autres institutions réactionnaires, vous êtes tenus de travailler dans ces institutions », car elles font partie de la réalité. Une réalité à combattre, n’en reste pas moins une réalité et vivre dans le déni de cette réalité, c’est abandonner le monde que l’on souhaite changer !

Benedikt Arden, juin 2019


[1] Pôle de renaissance communiste en France, une organisation marxiste-léniniste et souverainiste.
[2] Dans le sens qu’ils étaient à gauche de la ligne que Lénine jugeait juste.
[3] Notamment pour des cas comme le deuxième tour de la présidentielle de 2017, entre Lepen et Macron.
[4] Au sens où la souffrance des victimes de l’État en place, amplifie l’appui à la révolution souhaitée.

samedi 1 juin 2019

Apocalypse now? Retour sur les élections européennes 2019


Les élections européennes étant maintenant derrière nous, il nous est enfin possible d’en faire le bilan. Je ne vais pas rappeler dans le détail l’ensemble des résultats de la soirée du 26 mai (ceux-ci sont disponibles ici), mais je vais quand même en rappeler l’essentiel.

En tête, le Rassemblement national (RN), avec 23,33%. Vient ensuite La République en marche! (LREM), avec 22,41%. En troisième place, Europe Écologie Les Verts (EELV) avec 13,48%. En 4e position, Les républicains (LR), avec 8,48%. Viennent ensuite La France insoumise (FI) avec 6,31% et le Parti socialiste (PS) avec 6,19%.

En résumé, le parti présidentiel rate son pari de « faire barrage » à l’extrême droite et passe deuxième. Ensuite, net montée de EELV et grosse défaite pour les Républicains et la FI. Comme je le mentionnais dans mon 1er article sur ces élections, les résultats n’ont pas tellement d’importance, puisque les députés européens n’ont a peu près pas de pouvoirs politiques[1]. Si ce n’est de bloquer les traités de libre-échange et autres avancés néolibérales, s’ils sont suffisamment nombreux bien sûr. Ce qui n’aurait (notons-le) pas été le cas, même avec une FI en tête.

Les députés n’ont donc absolument pas « le pouvoir de diriger l’Europe », comme l’a si franchement exprimé l’ancien président français, Valéry Giscard d’Estaing. Les élections européennes sont donc beaucoup plus un sondage grandeur nature, qu’autre chose. Cela étant dit, ce « sondage » comporte néanmoins un grand intérêt pour anticiper les stratégies futures qui auront lieu lors des prochains scrutins nationaux, qui eux comptent beaucoup plus.

Pour ce qui est de ces stratégies, les résultats de ces élections risquent de peser assez lourd, puisque contrairement à ce qu’on pourrait le croire, le parti présidentiel ne sort pas vraiment perdant de ces élections, même s’il avait probablement préféré arriver devant le RN. Comme vous le savez, les élections européennes se font au scrutin proportionnel à un tour, c’est pourquoi le mot d’ordre de « faire barrage au RN » était ridicule dans les circonstances.  Cependant, la nouvelle dichotomie entre « progressiste VS populiste », voulue par LREM et confirmée dans les votes, s’interprète différemment dans les élections à deux tours, car le RN reste encore le parti le plus détesté de France, même s’il est aussi visiblement le 1er ! C’est pour cette raison que le parti présidentiel a tout intérêt (enfin, à court terme) à ce que sa principale opposition soit l’extrême droite, plutôt que la gauche.

Tant que l’électorat de gauche restera suffisamment divisé, le parti présidentiel pourra compter sur un réservoir de voix suffisant pour se maintenir au pouvoir et ceci, peu importe la violence sociale de ses politiques. En réalité, le système politique français est ainsi fait que le RN doit à lui seul obtenir un score de plus de 50% pour arriver au pouvoir. Mais justement, il est bien possible que la violence politique du parti présidentiel devienne telle que le RN finisse par défoncer ce fameux plafond de verre, même si ce n’est pas encore demain la veille.

Cela est peut-être dur à encaisser pour la gauche radicale, mais le RN est aussi le parti politique le plus populaire chez les pauvres et les ouvriers. À l’inverse, LREM est le parti le plus populaire chez les retraités, les cadres et (surtout) les plus riches! Le clivage actuel est donc incontestablement un clivage de classes, même si les initiés savent pertinemment que le RN est encore moins « sociale » que le PS[2]. Il est donc particulièrement urgent de combattre le RN sur cette base et non pas sur le vieil antifascisme défraichi que les macronistes usent et abusent depuis le début, dans leur communication. La meilleure façon de faire une politique de droite est encore de la prétendre de « gauche », mais encore faut-il que cette politique s’oppose à une droite plus dure du point de vue identitaire pour que le stratagème fonctionne, ce que le RN incarne à merveille.

Pour en revenir avec l’analyse du vote, je prétendais dans mon article d’avant campagne que la tendance actuelle irait au détriment du parti « Les Républicains », puisque le RN visait cet électorat. Une enquête postélectorale de l’institut IPSOS nous révèle qu’il en fut ainsi pour 18% de l’ancien électorat LR, ce qui était prévisible. Cependant, la raison qui explique le mieux l’effondrement du parti de droite[3] reste un incroyable report de ses voix vers la liste macroniste (27%). Il s’agit incontestablement de son électorat retraité et centriste comme l’enquête le révèle, tandis que son aile identitaire et xénophobe s’est donnée corps et âme au RN. En somme, c’est 45% de voix en moins pour l’ancien parti de Sarkozy et de Chirac, ce qui le mène à la marginalité.

Pour ce qui est du score de EELV, lui aussi s’explique facilement. Si nous nous référons bien à l’étude citée plus haut, le score proviendrait pour une bonne part d’un report de voix issue du PS (24%) ainsi que de l’aile « gauche » de LREM (14%). Celles probablement déçues par sa politique anti écologique. Politique justement incarnée par la démission de Nicolas Hulot. En fait, c’est la politique du président qui explique en grande partie ces résultats, car sa politique de répression contre les « gilets jaunes » et ses réformes néolibérales ont drainé vers lui une bonne part de l’électorat de droite et on fait fuir une partie de son aile gauche au profit de EELV[4]. Ce dernier étant aussi volontaire sur la question de l’Union européenne que LREM, il est assez facile d’apercevoir les passerelles entre ces partis, d’autant plus que son représentant ne présente pas vraiment son parti comme de gauche, puisqu’il adopte, lui aussi, une rhétorique « ni gauche ni droite ». Comme le RN et LREM en fin de compte …  

Pour ce qui est de la France insoumise, la défaite est au moins aussi grande que celle de la droite. Cela était prévisible, mais elle l’a été bien plus que prévu. À mon avis, la défaite est à lier à plusieurs facteurs, dont le changement de stratégie reste le plus évident. Le souhait plus ou moins officiel de prendre le monopole à gauche est à l’origine d’une communication beaucoup trop axée sur l’électorat PS/EELV, qui s’est avéré un échec complet. Non seulement cet électorat n’a pas rejoint la FI, mais elle lui a également fait perdre une partie de son électorat souverainiste au profit de l’abstention et du RN … Ce qui est à l’origine du score de Jean-Luc Mélenchon (JLM) à la présidentielle était le « populisme de gauche » à la PODEMOS, voire à la Chavez, avec un fort accent souverainiste et eurosceptique. Flatter l’électorat eurobéats me semble donc la principale erreur. 

Ensuite, je noterai quelques autres points qui ont aussi fortement pesé sur la défaite de la FI. En premier lieu, la liste concurrente du parti communiste français (PCF) qui lui a fait plus ou moins directement perdre 2,4%. Rappelons que le score du Front de gauche aux élections européennes de 2014 (6,61%) incluait le PCF. Ensuite, est-il utile de rappeler toute la répression politique qu’a subi la FI ? Sans compter les polémiques idiotes sur le cas de JLM ainsi que la mauvaise gestion des conflits internes, sans compter les défections de plusieurs représentants de leur aile souverainiste.

En dernier lieu, notons que l’abstention, qui a surtout touché les plus jeunes, a principalement touché la France insoumise. Selon l’IPSOS, l’électorat principal de JLM lors de l’élection présidentielle de 2017 était les jeunes de 18-24 ans, qui ont votés FI à 30% ainsi que les chômeurs, qui sont à 31%. Selon notre étude sociologique des élections européennes, 53% des abstentionnistes sont des chômeurs et 61% sont dans la catégorie des 18-24 ans. La preuve n’est pas hors de tout doute, mais gageons qu’une bonne partie des électeurs de la FI se sont abstenus. Ceci, d’autant plus que certains groupes, qui ont soutenu la candidature de JLM en 2017, ont appelé au boycottage de l’élection afin de ne pas « valider l’institution » !

À ce sujet (le boycottage), notons que le résultat concret de ceux qui pensaient porter la « lutte des classes » et la sortie de l’UE à son paroxysme par « l’abstention citoyenne » ont au moins indirectement participé à la victoire du RN et de Macron, ainsi qu’au sabotage de leur principale opposition progressiste … Enfin, la « politique du boycott » à ses raisons que la raison ignore ! Et pour les plus « léninistes » d’entre eux, je les référerais à ce qu’en écrivait justement Lénine en son temps (et qui est encore tout à fait valable aujourd’hui).

En conclusion, je crois qu’il est pertinent comme jamais que la France insoumise renoue avec sa stratégie de 2017. Si une leçon peut être tirée de ces élections, c’est bien l’inefficacité de l’union des gauches, puisqu’une bonne partie d’entre elles reste perdue dans leur rêve européiste. L’expérience le démontre, cette « gauche » se vendra à droite plutôt que d’accepter la réalité de l’UE, alors il est inutile de changer sa communication et son programme pour elle. Le programme de la FI était le plus révolutionnaire des programmes envisageables à court terme. Pour mettre en place ce programme, il faut certes sortir des traités européens, mais sans faire croire pour autant que cette sortie soit autre chose qu’une sortie l’Union européenne tout court, puisque la substance de l’UE est justement ces traités. Comme sortir de n’importe quels traités de libre-échange implique nécessairement de sortir de l’institution qui la gère.

J’espère que la France insoumise saura relever le défi, car, de son exemple, impliquera beaucoup dans les autres pays. Mêmes pour ceux qui vivent et luttent hors d’Europe, comme chez nous au Québec.

Salut internationaliste à mes ami(e)s français et bonne chance !

Benedikt Arden (fin mai 2019) 


[1] C’est aussi pour cette raison que je ne traiterai pas des résultats en dehors de France.
[2] Ironiquement, le parti socialiste a été lourdement sanctionné par ce même électorat et pour la même raison.
[3] Rappelons que ce parti avait relativement survécu au désastre des législatives, contrairement au PS.
[4] En somme, LREM a perdu des plumes à gauche, mais en a retrouvé à droite.