samedi 15 janvier 2022

Des contraintes sanitaires de plus pour des vaccinés en moins

Un peu comme l’an dernier, l’ambiance est à la panique. Notamment parce qu’en quelques jours nous sommes passés d’un quasi-état d’après Covid à un retour brutal à la situation prévaccinale. Nous le constatons depuis l’arrivée du froid, les fameux vaccins si attendus, ont démontré une efficacité bien décevante et n’ont strictement rien changé aux mesures sanitaires les plus liberticides, malgré les belles promesses du gouvernement. Il est d’ailleurs effarant de constater que le nombre de cas explose dans des proportions comparables à l’hiver 2020-2021 malgré une couverture vaccinale complète de près de 90% des adultes

Évidemment, le responsable de cette baisse d’efficacité serait le variant du moment (Omicron), qui semble être en mesure de contaminer aussi bien les vaccinés que ceux qui ne le sont pas. Cependant, les données disponibles semblent démontrer que la protection du vaccin à ARN messager abaisse la quantité de personnes susceptible de développer une forme grave de la Covid-19 (donc les hospitalisations), mais ne procure pas une protection convenable contre l’infection et sa contagiosité. Ce qui pose un vrai dilemme à la politique sanitaire du gouvernement caquiste, qui n’est pour ainsi dire basée QUE sur la vaccination et les confinements.    

Face à cette situation, la déception est grande et le retour des mesures dites « d’urgence » en fait rager plus d’un. Notamment chez les gens qui ont suivi patiemment les consignes et qui doivent subir derechef les désagréments d’un nouveau confinement. Dans ce contexte, la recherche de coupables est donc le réflexe à prévoir, car la remise en cause de la solution facile (la vaccination) remettrait aussi en cause les mesures dites d’urgence, puisque sans vaccin ou autres traitements préventifs, le remède de cheval du gouvernement (le confinement) ne peut plus être considéré comme temporaire.

C’est donc pour pallier ce dilemme que le gouvernement met toute la pression possible sur ceux qui ne se sont pas prêté au jeu de la vaccination et les accuse carrément d’être responsables de l’échec complet de sa stratégie sanitaire. Ceux-ci sont d’ailleurs la cible d’un ostracisme difficilement justifiable et qui frise le lynchage dans certains cas. Cet ostracisme fait d’autant plus de peine à voir qu’une couverture vaccinale de 100% n’empêcherait même pas la pandémie de sévir comme c’est présentement le cas. Dès lors, la recherche de boucs émissaires ressemble plus à de la dissonance cognitive qu’à une recherche de véritable solution.

Après tout, une couverture vaccinale de 89,6% (12 ans et +) est une réussite en soi et bien des maladies ont été vaincues par des couvertures vaccinales bien moindres. Mais la Covid-19, au même titre que la grippe et autre coronavirus, est de ce genre de maladie qui ne se laisse pas annihiler aussi facilement et mute suffisamment pour devenir des maladies saisonnières (surtout lors des temps froids). Ce qui fait que « l’urgence » ne devrait plus en être une et devrait faire place à des mesures sanitaires de long terme, pour ne pas dire permanente.

Mais cette réalité, encore trop peu sont prêts à l’entendre. C’est pourquoi les réflexions démocratiques sur la gestion sanitaire de la société sont encore court-circuitées par la recherche de boucs émissaires, même si cela ravive les sentiments les moins nobles qui soit, allant même jusqu’à remettre en cause le droit des « antivax » à se faire soigner gratuitement, voire leur imposer un tribut de non-vaccination. Le président français (qui, soit dit en passant, est l’inspiration principale de notre premier ministre) en est même allé jusqu’à souhaiter vouloir « emmerder les non-vaccinés » ce qui est sans doute également l’avis de François Legault, quand il impose le passeport vaccinal dans les SQDC et la SAQ, alors que le type de produit vendu dans un commerce n’a évidemment aucun impact sur la pandémie (pas plus que l’heure et la raison d’un déplacement dans le cas de cet aberrant et inutile couvre-feu). En fait, c’est un secret de polichinelle que cette mesure soit une incitation indirecte à la vaccination, puisque la consommation d’alcool et de cannabis devant un écran de télé reste la principale activité pour bien des gens en hiver, puisqu’à peu près tout autre type d’activité (plus saine) est soit annulée ou fortement contrainte.

Enfin, tout cela pose une sérieuse question : pourquoi le gouvernement ne rend-t’il pas tout simplement la vaccination obligatoire au lieu d’alimenter cette haine envers les récalcitrants à la vaccination ? Après tout, ces gens n’ont encore aujourd’hui rien fait d’illégal et ils ont absolument le droit de ne pas être vaccinés, alors il est hypocrite de se surprendre qu’une minorité de la population soit dans ce cas de figure.

À mon avis, la raison de cette absence d’obligation est tout simplement que le gouvernement ne le souhaite pas. Certains évoquent bien la difficulté de forcer les gens à se faire vacciner de force et ils ont sans doute raison en bonne part, mais il est tout à fait possible de le faire par une contrainte acceptable, surtout si on agrandit le choix de l’offre aux vaccins traditionnels (je pense ici au vaccin de Medicago).

Après tout, la France impose tout un ensemble de vaccin aux jeunes sans que ce pays soit mis au banc des accusés de la cour pénale internationale ! Alors, pourquoi refuser d’imposer légalement ce que l’on a le droit de faire et que l’on prétend souhaiter ? Tout simplement parce que le gouvernement cherche des coupables et non des solutions !

Comme je l’ai déjà indiqué plus haut, une couverture vaccinale de 100% n’empêcherait sans doute pas le virus de circuler, puisque les variants s’adaptent aux vaccins, comme c’est le cas de la grippe. De plus, comme les variants se créé dans des déserts vaccinaux (notamment l’Afrique, d’où semble provenir Omicron), que les vaccins sont maintenus bien en laisse par les brevets des multinationales de la pharmaceutique et que ceux-ci les réservent aux bons payeurs (les pays occidentaux), il n’y a aucune raison de croire que la pandémie pourrait être vaincue rapidement.

Soulignions-le : tant et aussi longtemps que la vaccination ne sera pas globale, des variants nouveaux seront fréquemment créés et migreront dans les pays riches, peu importe le nombre de doses de vaccins des Québécois et le fait qu’ils possèdent un passeport vaccinal ou non. Cette situation pousse cette position jusqu’à l’absurde, non seulement parce que cet égoïsme national va à l’encontre de la sécurité de sa propre population, mais surtout parce que les frais de conception des vaccins ont été majoritairement financés par les États et non les actionnaires bien gras des pharmaceutiques. C’est pourquoi les vaccins devraient être une propriété collective, comme le recommande à juste titre l’OMS.

Pourtant, rien n’a encore changé sur ce front et le Québec (comme la France) module désormais leur passe sanitaire à un nombre non limité de doses de vaccin, au détriment du retard accumulé des pays les plus pauvres. Pays, qui hébergeront les prochaines souches de virus pouvant mettre à mal la couverture vaccinale comme c’est le cas actuellement …

Malgré tout, le gouvernement continue de justifier ses échecs en blâmant les gens qui ne se font pas vacciner ou qui ont le mauvais gout de voyager, tout en les laissant libres de le faire, mais ne se prive pas pour fermer les commerces et activités qu’il juge « non essentiels », au nom de « l’état d’urgence sanitaire ». Et ceci, peu importe s’ils posent un risque réel de contagion, étant donné que c’est le fait d’être « essentiel » qui justifie son ouverture.

Soyons honnête, l’état d’urgence pouvait se comprendre au printemps 2020, voir janvier 2021 pour les plus indulgents, mais depuis beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et la nature du virus est devenu assez claire pour tous ceux qui se donnent la peine de regarder les données. La pandémie est très loin d’être terminée et il est à douter que les bons choix soient faits à l’international.

Comme pour la question environnementale, le système capitaliste empêche l’essentiel des solutions à nos problèmes en raison de la priorité systématique appliquée au profit et à la nature ploutocratique des pouvoirs qui gère le monde. S’il n’est pas possible de peser face au lobby pharmaceutique à l’OMC, il serait tout à fait possible de nationaliser un vaccin québécois (ou au moins canadien) ou, au minimum, de reconnaitre les vaccins des autres pays afin de casser le monopole de Pfizer et Moderna.

Mais au lieu de cela on participe à ces monopoles privés de la vaccination sans s’inquiéter de la source de ce qui les rendra un jour inopérants. Un peu comme si l’on cherchait à maximiser le profit des propriétaires de brevets tout en s’assurant que la production de variant ne soit pas entravée dans le tiers monde ! De cette façon, on garde captif des « marchés » avec des états d’urgence sanitaire permanents tout en s’assurant que les variants ne manquent pas afin de justifier de nouvelles doses encore et encore. Il est loin le temps où l’on se vaccinait pour éviter d’être malade. Désormais on a le devoir de s’abonner au Pfizer sinon on est au banc de la société, un paria, un pestiféré …

D’ailleurs, tous ceux qui luttent contre le conspirationnisme risquent d’avoir bien du travail, car quoi de mieux pour les radicaliser que de repousser ces milliers de personnes en marge de la société, avec comme seul passetemps de regarder les vidéos de tous ces gourous qui pullule sur le net et qui vivent de leurs dons. Non vraiment, tout est fait pour radicaliser les non-vaccinés et ce n’est certainement pas en ajoutant d’autres mesures répressives que l’on augmentera la couverture vaccinale.

Si le gouvernement souhaite augmenter la couverture vaccinale c’est en convainquant et non en forçant le bras de ceux qui regarde d’un mauvais œil cet ignoble monopole privé et son produit. Et s’il veut que la population maintienne une bonne discipline sanitaire, ce n’est pas en faisant sauter un directeur de la santé publique un brin usé, mais en organisant des mesures permanentes et raisonnables, basées sur la science et non plus sur l’autocratie du « bon père de famille » !

Benedikt Arden, janvier 2022