mardi 6 janvier 2009

Combattre le populisme par la démocratie ?


Comme plusieurs d’entre vous, il m’arrive parfois d’être en vacances et comme certains d’entre vous (et en moindre nombre, je l’espère), j’ai quelques fois écouté le journal du midi de André Arthur par curiosité, mais aussi un peu par ennui. Même si cet homme n’est nullement crédible, il offre un spectacle assez divertissant, car plus sulfureux et plus provocateur que la plupart des autres lecteurs de nouvelle. Exception faite de son américanophilie évidente et de ses opinions douteuses et simplettes sur la plupart des problèmes de société, une notion m’a particulièrement interpellé chez ce personnage : le pourquoi de son attachement au fédéralisme canadien. Il nous explique que le peuple québécois a une tendance naturelle vers le totalitarisme et que le fédéralisme canadien, par sa structure, nous garde dans la voie de la démocratie. Ce genre de remarque n’est aucunement isolée et il nous la sort chaque fois qu’il le peut. Par exemple, aujourd’hui (le 5 janvier 2009) il nous explique que le soutien général qu’ont les Québécois envers les Palestiniens dans le conflit Israélo-palestinien serait dû à notre vieux fond antisémite ? Certes, ses positions démontre clairement que André Arthur est contre, ce qu’il pourrait appeler « populisme », car le populisme (du PQ par exemple) a tendance à nous faire payer des impôts, à protéger la langue, la culture, à contrôler l’économie et cela dans le but évident de créer un nouvel empire soviétique. Tout bon libertarien américanophile comme André Arthur ne peut que dénoncer cette dictature sordide au nom du bon droit et d’acclamer les empires fédéralisants et immobilistes, car eux seuls peuvent nous empêcher, nous la populace, de mal voter (pour le changement notamment). Cela a même l’avantage à la longue de décourager cette populace totalitaire de voter pour ses intérêts. Nous voilà donc sauvés de nous-même par les technocrates et l’élite de nos penchants dictatorial, antisémite, raciste et probablement pédophile tant qu’à y être. Trêve de sarcasme, ce qui est inquiétant de nos jours, c’est cette manie de confondre démocratie et ordre établi. Car il ne faut pas oublier le sens des mots ; Démocratie, c’est le pouvoir au peuple (dêmos et kratos). Donc si l’on est démocrate, on doit laisser le peuple choisir, sinon on n’est pas démocrate et on ne donne pas de leçon aux autres. Tous les jours à la télévision, on entend des biens pensants nous expliquer de manière détournée que nous devrions être dirigés par une élite d’intellectuels ayant une sagesse qui serait soi-disant absente chez la majorité. Tous les jours, on entend ces intellectuels nous dire que nous sommes xénophobes quand l’on s’inquiète de la disparition de notre identité et de nos traditions. Ils nous disent que l’on n’y connaît rien quand on critique le libre-échange et que nous réclamons de la protection aux entreprises québécoises face au marché mondialisé. Ils vont même parfois jusqu’à nous reprocher notre manque d’universalisme lorsqu’il y a des délocalisations. Il y a, en effet, beaucoup de raisons de s’inquiéter, car la démocratie est un acquis en mots, mais pas en faits. Si elle finit par ne devenir qu’une formalité administrative de plus (et ce sera bientôt le cas si rien n’est fait), rien n’empêche qu’elle soit révisée un jour comme toutes autres formalités administratives, au nom de l’efficacité, si nous continuons à tolérer cette culture néo monarchiste. Il est très inquiétant de constater que le principe de démocratie (devenue populisme) soit devenu synonyme de totalitarisme pour ceux qui, encore aujourd’hui, donnent des leçons de morales et de démocraties à la Russie, au Venezuela, à l’Iran, à la Serbie, etc. Cette contradiction est omniprésente dans les médias et est partout sur l’échiquier politique (à droite comme à gauche). Il est de notre devoir de condamner ce néo monarchisme chaque fois qu’il se présente, car si la démocratie n’est pas un système parfait, il reste le plus juste quand il est réellement appliqué. Nous devons toujours garder à l’esprit que le jour où plus personne n’ira voter, nous aurons, en faits, voté la fin de celle-ci et ce jour-là, les élites auront enfin le loisir de nous retirer cette tâche ingrate auquel ils nous croient indignes. Si nous ne voulons pas nous occuper de la politique, bien c’est elle qui s’occupera de nous.

Vortigern Zifendel