dimanche 5 janvier 2014

"Marx et la Nation" de Didier Thévenieau




Je n’ai ni le goût, ni le temps de faire des concours de vitesse avec des statues mais en ce jour de Pâques, le son des cloches est trop fort pour ne pas avoir envie de ramener ici, le silence de la pensée nécessaire à toute humanité.

Au-delà des propos haineux d’une partie du NPA à l’égard du PG et de Jean-Luc Mélenchon (peut-être minoritaire mais bruyante), il est un point de philosophie politique qui semble échapper à celles et ceux qui n’ont lu Marx que dans les revues de leurs maîtres, et qui se refusent à penser en écartant toute idée qu’ils pourraient se tromper (fiers des résultats de leur stratégie certainement ?). Ce questionnement c’est celui qui cherche à comprendre les liens entre Marx et la Nation. Et à ne lire que des fragments, on en oublie l’essence même du marxisme.

Souvent est répétée à l’envie cette phrase du Manifeste : "Les prolétaires n’ont pas de patrie". De là les courtes vues ont pris des positions figées et fausses, d’un côté en imposant leur anarchisme ou leur internationalisme contre la nation, et de l’autre en dénonçant les marxistes comme des traîtres à la patrie. Le problème, c’est que cette phrase est instrumentalisée des deux côtés.

Si on peut comprendre ce détournement malhonnête du côté des nationalistes et capitalistes patriotiques, on a du mal à l’admettre aujourd’hui chez celles et ceux qui se réclament de la lutte des classes et qui l’affaiblissent en ne luttant que contre eux-mêmes.

Quand Marx et Engels écrivent cette phrase, ils veulent justement dénoncer la classe dominante qui ne permet pas à la classe ouvrière d’avoir une place dans la nation. En aucun cas ils nient l’idée de nation, et jamais ils ne disent que les prolétaires ne doivent pas avoir de patrie ! Au contraire, le prolétariat doit "conquérir la nationalité" et "conquérir la démocratie." La classe ouvrière doit se constituer en nation sans se laisser réduire au nationalisme bourgeois (ce que tente de faire une partie du NPA aujourd’hui), ni se laisser impressionner par l’idée patriotique du capitalisme assassin. Le prolétariat doit refonder la nationalité.

Ce fragments : « les ouvriers n’ont pas de patrie », n’est pas une thèse défendue par Marx mais une dénonciation de la classe dominante qui prive la classe ouvrière de patrie pour la dominer encore. Celles et ceux qui s’en revendiquent vont donc contre Marx qui la condamne.

La phrase exacte du Manifeste communiste est :

« On a reproché encore aux communistes de vouloir abolir la patrie, la nationalité. Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut pas leur ôter ce qu’ils n’ont pas. Sans doute le prolétariat doit tout d’abord conquérir le pouvoir politique, s’ériger en classe nationale souveraine, et se constituer lui-même en nation ; et en ce sens il est encore attaché à une nationalité. Mais il ne l’est plus au sens de la bourgeoisie. »

Dans le même Manifeste, Marx et Engels expliquent que les nations ainsi rendues aux peuples ne pourront que tomber d’accord pour s’entendre. C’est dans cette conscience de « classe nationale souveraine » que les individus se libéreront de l’exploitation :

« Une action combinée, au moins des peuples les plus civilisés, est une des conditions de la libération. Dans la mesure où l’exploitation de l’individu par un autre individu sera abolie, l’exploitation d’une nation par une autre le sera également. Avec l’antagonisme des classes à l’intérieur de la nation, disparaîtra l’hostilité réciproque des nations... »

Les insulteurs du NPA essaient de penser l’internationalisme sans la nation et nous reprochent notre incohérence et notre traîtrise... Si Marx entendait ça !


Didier Thévenieau (Front de Gauche)
(Avril 2013)
Je n’ai ni le goût, ni le temps de faire des concours de vitesse avec des statues mais en ce jour de Pâques, le son des cloches est trop fort pour ne pas avoir envie de ramener ici, le silence de la pensée nécessaire à toute humanité.
Au-delà des propos haineux d’une partie du NPA à l’égard du PG et de Jean-Luc Mélenchon (peut-être minoritaire mais bruyante), il est un point de philosophie politique qui semble échapper à celles et ceux qui n’ont lu Marx que dans les revues de leurs maîtres, et qui se refusent à penser en écartant toute idée qu’ils pourraient se tromper (fiers des résultats de leur stratégie certainement ?). Ce questionnement c’est celui qui cherche à comprendre les liens entre Marx et la Nation. Et à ne lire que des fragments, on en oublie l’essence même du marxisme.
Souvent est répétée à l’envie cette phrase du Manifeste : "Les prolétaires n’ont pas de patrie". De là les courtes vues ont pris des positions figées et fausses, d’un côté en imposant leur anarchisme ou leur internationalisme contre la nation, et de l’autre en dénonçant les marxistes comme des traîtres à la patrie. Le problème, c’est que cette phrase est instrumentalisée des deux côtés.
Si on peut comprendre ce détournement malhonnête du côté des nationalistes et capitalistes patriotiques, on a du mal à l’admettre aujourd’hui chez celles et ceux qui se réclament de la lutte des classes et qui l’affaiblissent en ne luttant que contre eux-mêmes.
Quand Marx et Engels écrivent cette phrase, ils veulent justement dénoncer la classe dominante qui ne permet pas à la classe ouvrière d’avoir une place dans la nation. En aucun cas ils nient l’idée de nation, et jamais ils ne disent que les prolétaires ne doivent pas avoir de patrie ! Au contraire, le prolétariat doit "conquérir la nationalité" et "conquérir la démocratie." La classe ouvrière doit se constituer en nation sans se laisser réduire au nationalisme bourgeois (ce que tente de faire une partie du NPA aujourd’hui), ni se laisser impressionner par l’idée patriotique du capitalisme assassin. Le prolétariat doit refonder la nationalité.
Ce fragments : « les ouvriers n’ont pas de patrie », n’est pas une thèse défendue par Marx mais une dénonciation de la classe dominante qui prive la classe ouvrière de patrie pour la dominer encore. Celles et ceux qui s’en revendiquent vont donc contre Marx qui la condamne.
La phrase exacte du Manifeste communiste est :
"On a reproché encore aux communistes de vouloir abolir la patrie, la nationalité. Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut pas leur ôter ce qu’ils n’ont pas. Sans doute le prolétariat doit tout d’abord conquérir le pouvoir politique, s’ériger en classe nationale souveraine, et se constituer lui-même en nation ; et en ce sens il est encore attaché à une nationalité. Mais il ne l’est plus au sens de la bourgeoisie. »
Dans le même Manifeste, Marx et Engels expliquent que les nations ainsi rendues aux peuples ne pourront que tomber d’accord pour s’entendre. C’est dans cette conscience de « classe nationale souveraine » que les individus se libéreront de l’exploitation :
« Une action combinée, au moins des peuples les plus civilisés, est une des conditions de la libération. Dans la mesure où l’exploitation de l’individu par un autre individu sera abolie, l’exploitation d’une nation par une autre le sera également. Avec l’antagonisme des classes à l’intérieur de la nation, disparaîtra l’hostilité réciproque des nations... »
Les insulteurs du NPA essaient de penser l’internationalisme sans la nation et nous reprochent notre incohérence et notre traîtrise... Si Marx entendait ça !
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Je n’ai ni le goût, ni le temps de faire des concours de vitesse avec des statues mais en ce jour de Pâques, le son des cloches est trop fort pour ne pas avoir envie de ramener ici, le silence de la pensée nécessaire à toute humanité.
Au-delà des propos haineux d’une partie du NPA à l’égard du PG et de Jean-Luc Mélenchon (peut-être minoritaire mais bruyante), il est un point de philosophie politique qui semble échapper à celles et ceux qui n’ont lu Marx que dans les revues de leurs maîtres, et qui se refusent à penser en écartant toute idée qu’ils pourraient se tromper (fiers des résultats de leur stratégie certainement ?). Ce questionnement c’est celui qui cherche à comprendre les liens entre Marx et la Nation. Et à ne lire que des fragments, on en oublie l’essence même du marxisme.
Souvent est répétée à l’envie cette phrase du Manifeste : "Les prolétaires n’ont pas de patrie". De là les courtes vues ont pris des positions figées et fausses, d’un côté en imposant leur anarchisme ou leur internationalisme contre la nation, et de l’autre en dénonçant les marxistes comme des traîtres à la patrie. Le problème, c’est que cette phrase est instrumentalisée des deux côtés.
Si on peut comprendre ce détournement malhonnête du côté des nationalistes et capitalistes patriotiques, on a du mal à l’admettre aujourd’hui chez celles et ceux qui se réclament de la lutte des classes et qui l’affaiblissent en ne luttant que contre eux-mêmes.
Quand Marx et Engels écrivent cette phrase, ils veulent justement dénoncer la classe dominante qui ne permet pas à la classe ouvrière d’avoir une place dans la nation. En aucun cas ils nient l’idée de nation, et jamais ils ne disent que les prolétaires ne doivent pas avoir de patrie ! Au contraire, le prolétariat doit "conquérir la nationalité" et "conquérir la démocratie." La classe ouvrière doit se constituer en nation sans se laisser réduire au nationalisme bourgeois (ce que tente de faire une partie du NPA aujourd’hui), ni se laisser impressionner par l’idée patriotique du capitalisme assassin. Le prolétariat doit refonder la nationalité.
Ce fragments : « les ouvriers n’ont pas de patrie », n’est pas une thèse défendue par Marx mais une dénonciation de la classe dominante qui prive la classe ouvrière de patrie pour la dominer encore. Celles et ceux qui s’en revendiquent vont donc contre Marx qui la condamne.
La phrase exacte du Manifeste communiste est :
"On a reproché encore aux communistes de vouloir abolir la patrie, la nationalité. Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut pas leur ôter ce qu’ils n’ont pas. Sans doute le prolétariat doit tout d’abord conquérir le pouvoir politique, s’ériger en classe nationale souveraine, et se constituer lui-même en nation ; et en ce sens il est encore attaché à une nationalité. Mais il ne l’est plus au sens de la bourgeoisie. »
Dans le même Manifeste, Marx et Engels expliquent que les nations ainsi rendues aux peuples ne pourront que tomber d’accord pour s’entendre. C’est dans cette conscience de « classe nationale souveraine » que les individus se libéreront de l’exploitation :
« Une action combinée, au moins des peuples les plus civilisés, est une des conditions de la libération. Dans la mesure où l’exploitation de l’individu par un autre individu sera abolie, l’exploitation d’une nation par une autre le sera également. Avec l’antagonisme des classes à l’intérieur de la nation, disparaîtra l’hostilité réciproque des nations... »
Les insulteurs du NPA essaient de penser l’internationalisme sans la nation et nous reprochent notre incohérence et notre traîtrise... Si Marx entendait ça !
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