dimanche 15 septembre 2013

La nation québécoise se meurt…

De toute son histoire depuis l’invasion britannique, la nation québécoise a toujours été trahie par son élite. L’envahisseur britannique devenu canadien, a toujours eu comme objectif d’occulter, de faire disparaître, en les chassant de leurs terres tous ceux qui n’étaient pas lui en territoire occupé.

L’Église catholique et les seigneurs d’abord se sont mis au service de l’occupant anglais. Une petite bourgeoisie québécoise issue de la classe pauvre s’est formée, s’est levée, s’est portée à la défense du peuple opprimé. Ce fut l’épisode de la résistance patriote écrasée dans le sang par l’occupant britannique soutenu par l’Église catholique. 

Depuis, L’Église catholique devenue ultramontaine, papiste, monta en force, atteignant son apogée vers 1920. La petite bourgeoisie sous l’influence du renégat Louis-Hippolythe Lafontaine se joignit à l’Église catholique pour travailler à la soumission de la nation québécoise aux maîtres anglais.

D’autres renégats comme Georges-Étienne Cartier s’allièrent à l’Église catholique et aux britanniques devenus canadiens pour créer la Confédération canadienne qui plaçait la nation québécoise non seulement en minorité en ce qui était qualifié de parlement, mais aussi dans la nouvelle subdivision administrative de ce qui prit le nom de provinces. 

jeudi 12 septembre 2013

La bataille silencieuse du Chiapas


(…) le capitalisme détruit les pays qu’il envahit avec la mondialisation néolibérale, mais il veut aussi arranger tout ou tout refaire à sa manière, (…) elle détruit leur culture, leur système économique et leur système politique, et elle détruit même le type de rapports que les gens qui vivent dans ce pays ont entre eux. Autrement dit, tout ce qui fait d’un pays un pays est ravagé.

Alors, la mondialisation néolibérale veut détruire les nations du monde et veut qu’il n’y ait plus qu’une seule nation ou pays : le pays de l’argent, le pays du capital. 

Ainsi parlait l’armée zapatiste de libération nationale (EZLN) dans sa dernière déclaration de la forêt Lacandone en 2006. 

L’organisation zapatiste, qui était au sommet de sa gloire internationale il y a plus de dix ans et qui était à l’origine d’une des plus importantes insurrections contre le néolibéralisme, incarnée à l’époque par le traité de l’ALENA, semble aujourd’hui bien silencieuse. Pour ne pas dire inactive. Mais détrompez-vous, malgré les apparences la rébellion du Peuple du Soleil est toujours bien vivace, mais en même temps plus menacée que jamais par les temps qui courent.      

Rappelons-nous que si les zapatistes ont pu à une époque être les fers de lance de la rébellion contre les accords de la ZLEA (2001), c’était sans conteste de par leur étonnant bilant d’efficacité en matière de coup d’éclat appuyé à un redoutable sens de l’éthique. Et cela même en temps de guerre. C’est pourquoi ils réussirent à mettre militairement à bas les autorités en place, lors de la fameuse prise du palais municipal de San Cristóbal, le 1er janvier 1994 (jour de l’entrée en vigueur du traité de l’ALÉNA) Et cela, avec un minimum de victime du côté des autorités. Les autorités mexicaines ont bien sûr essayées d’écraser la rébellion dans l’oeuf, mais le savoir-faire militaire ainsi que l’efficace stratégie de communication (notamment avec l’usage d’un nouvel outil appelé Internet) des insurgés ont forcé l’État mexicain à accepter un cessez-le-feu, le 12 janvier suivant. C’est cette aventure, additionnée au succès de la stratégie de communication avant-gardiste des zapatistes, qui propulsa le mouvement vers le panthéon de la lutte altermondialiste, à la fin des années 90. 

mercredi 11 septembre 2013

11 septembre 1973 : « L’Histoire nous appartient, c’est le Peuple qui la fait »

Je paierai de ma vie la défense des principes qui sont chers à cette patrie. La honte tombera sur ceux qui ont trahi leurs convictions, manqué à leur propre parole et se sont tournés vers la doctrine des forces armées. Le Peuple doit être vigilant, il ne doit pas se laisser provoquer, ni massacrer, mais il doit défendre ses acquis. Il doit défendre le droit de construire avec son propre travail une vie digne et meilleure. À propos de ceux qui ont soi-disant « autoproclamé » la démocratie, ils ont incité la révolte, et ont d’une façon insensée et douteuse mené le Chili dans le gouffre. Dans l’intérêt suprême du Peuple, au nom de la patrie, je vous exhorte à garder l’espoir. L’Histoire ne s’arrête pas, ni avec la répression, ni avec le crime. C’est une étape à franchir, un moment difficile. Il est possible qu’ils nous écrasent, mais l’avenir appartiendra au Peuple, aux travailleurs. L’humanité avance vers la conquête d’une vie meilleure.

Compatriotes, il est possible de faire taire les radios, et je prendrai congés de vous. En ce moment des avions sont en train de passer, ils pourraient nous bombarder. Mais sachez que nous sommes là pour montrer que dans ce pays, il y a des hommes qui remplissent leurs fonctions jusqu’au bout. Moi, je le ferai, mandaté par le Peuple et en tant que président conscient de la dignité de ce dont je suis chargé.

mardi 3 septembre 2013

Le mensonge tarifé

De graves événements sur le point de survenir me poussent à prendre la plume. A notre époque, tous les dix ou quinze ans, notre espèce court des dangers de disparition réels. Ni Obama ni personne d’autre ne pourrait garantir qu’il n’en soit ainsi. Je le dis par réalisme, car seule la vérité pourra nous offrir un peu plus de bien-être et un souffle d’espoir. En matière de connaissances, nous sommes devenus majeurs, et nous n’avons pas le droit de leurrer autrui ni de nous leurrer nous-mêmes.

L’immense majorité de l’opinion publique connaît assez bien le nouveau danger qui frappe à nos portes.

Il ne s’agit pas seulement du fait que les missiles de croisière soient braqués sur des objectifs militaires en Syrie, mais que le peuple de ce courageux pays arabe, situé au cœur même d’une région habitée par plus d’un milliard de musulmans dont l’esprit de lutte est proverbial, ait déclaré qu’il résistera jusqu’à son dernier souffle à toute attaque.

lundi 2 septembre 2013

Cette gauche qui prend ses désirs pour la réalité

Au début des années 1970, de nombreuses personnes, y compris moi, croyaient que toutes les "luttes" de cette période étaient liées entre elles : la révolution culturelle en Chine, les guérillas en Amérique latine, le printemps de Prague et les “dissidents” d'Europe de l'Est, mai 68, le mouvement des droits civiques, l'opposition à la guerre du Vietnam et les mouvements anticolonialistes, nominalement socialistes, en Afrique et en Asie. Nous pensions également que les régimes "fascistes" en Espagne, au Portugal et en Grèce, par analogie avec la Seconde guerre mondiale, ne pouvaient être renversés que par une lutte armée, très probablement prolongée.

Aucune de ces suppositions n'était juste. La révolution culturelle n'avait aucun rapport avec les mouvements anti-autoritaires à l'Ouest ; les dissidents d'Europe de l'Est étaient, en général, pro-capitalistes et pro-impérialistes, et l'étaient souvent fanatiquement ; les guérillas d'Amérique latine étaient un mirage (à part en Amérique centrale) et les mouvements de libération nationale n'étaient rien d'autre que cela : ils aspiraient (légitimement) à la libération nationale et se disaient socialistes ou communistes seulement à cause du soutien que leur offraient l'Union soviétique ou la Chine. Les régimes "fascistes" d'Europe du Sud se sont transformés d'eux-mêmes sans offrir une réelle résistance et encore moins une lutte armée. De nombreux autres régimes autoritaires leur ont emboîté le pas : en Europe de l'Est, en Amérique latine, en Indonésie, en Afrique et à présent dans une partie du monde arabe. Certains se sont écroulés de l'intérieur, d'autres sont tombés après quelques manifestations.

jeudi 29 août 2013

Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi

Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante :

Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de l’histoire des Etats-Unis, le plus vieux parti politique du pays a été totalement ignoré par les plus grands médias du pays. Une première pour "la presse la plus libre de la planète"...

Bonjour,

Vous avez déjà vu un hamster en cage ? Mignon, n’est-ce pas ? Tout petit, j’étais fasciné devant le spectacle d’un hamster courant dans l’inévitable roue qui garnissait sa cage. Il faut bien dire qu’il n’avait pas grand chose d’autre à faire, le pauvre. Il faut dire aussi que les choses ne se sont guère arrangées pour lui depuis l’instauration des 35 heures. Bref, il courait, courait le hamster derrière une hypothétique médaille d’or de l’ennui carcéral.

Il fallait être un humain doué d’une intelligence supérieure pour s’apercevoir qu’en réalité l’hamster faisait du sur-place. Et comme j’étais justement doué d’une telle intelligence, je suis rapidement arrivé à la même conclusion, agrémenté d’une opinion - un peu péremptoire, certes, mais j’étais tout petit, rappelez-vous. Et cette opinion à l’époque était la suivante : "il n’y a rien de plus con qu’un hamster".

dimanche 11 août 2013

La République démocratique d'un Québec indépendant

Ce que l’occupant canadien cherche d’abord à occulter dans le discours indépendantiste, c’est l’Histoire. Il va même, comme il l’a fait lors du 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec, jusqu’à désinformer la nation. L’histoire du Québec est celle d’un peuple qui a toujours eu à se défendre contre l’envahisseur et occupant anglais d’abord, et aujourd’hui contre l’occupant canadien, son successeur.

L’Angleterre, puis le Canada ont travaillé et travaillent encore, à annihiler les Français d’Amérique. Dès l’invasion, Londres manifestait son intention de faire disparaître tout ce qui n’était pas lui en territoire britannique. Les envahisseurs en brigands, accaparaient, volaient les industries, le commerce, les institutions d’enseignement, les richesses naturelles et les meilleures terres. Les Québécois ne pouvaient acheter qu’à prix fort les terres pauvres, incultes. Ils étaient confinés au petit commerce, à celui dont les britanniques ne voulaient pas.

La séparation en 1791, par l’Angleterre, de la Province of Quebec en deux colonies distinctes, les Bas et Haut-Canada, avait pour but d’éviter à la minorité anglaise d’être minoritaire en milieu français. La corruption, le ségrégationnisme faisaient en sorte d’empêcher les Québécois de s’instruire, de concurrencer l’Anglais. L’immigrant britannique en descendant du bateau se voyait offrir les meilleurs emplois, les meilleures terres. Les Québécois étaient des étrangers chez eux. Beaucoup quittaient le Québec pour émigrer aux États-Unis où ils se sentaient plus respectés, où ils pouvaient enfin avancer.

dimanche 4 août 2013

La faillite théorique d’une certaine extrême-gauche

L’extrême gauche européenne et française en particulier vient de connaître son second baptême du feu théorique sur les Arabes et assimilés. Il y a 60 ans elle était massivement du côté des luttes de libération contre les impérialismes finissants. C’était le temps des Michel Raptis, des Pierre Frank et autres militants qui avait l’intelligence d’être des « marxistes révolutionnaires », comme ils aimaient à se qualifier pour se distinguer du stalinisme dominant. Il a dû s’en passer des choses depuis et durant ces quelques années, pour que l’on ne trouve plus cette perspicacité implacable de lucidité et qu’il soit permis à deux ou trois « théoriciens » d’imposer une lecture des faits des plus déconcertantes, de brandir des concepts ou le délire le dispute à la pire des compromissions et de participer sans risque d’opprobre à l’offensive impérialiste contre les peuples. Que cela se fasse au nom de la « démocratie » contre la « tyrannie » ou d’une « lutte des classes » dont ils voient seuls l’expression. Nous faisant oublier la Libye et le lamentable démenti infligé à leur science de la « révolution », ils se sont tournés vers la Syrie où, dès l’entame de la crise, ils ont planté les éléments constitutifs d’une analyse qui ne donne aucune place et aucun rôle fondamental aux entreprises des Etats-Unis et de leurs satellites européens et arabes, ni ne prend en compte l’investissement massif de groupes djihadistes injectés dans la « révolution ». 

La nébuleuse Armée syrienne libre (ASL), fiction militaire soutenue par les médias atlantistes, bénéficie d’une reconnaissance sans faille de nos théoriciens, alors même que sur le terrain nous sommes en face de chefaillons, la plupart du temps guidés par les desiderata de leurs financiers étrangers ou par l’appât du gain. Vérité que même la presse occidentale n’arrive plus à taire. Mais lorsque nos prétendus « marxistes révolutionnaires » ont dû se rendre à l’évidence, ils continuent de prémunir leur édifice analytique de la faillite. Jusqu’au bout. Ne pouvant ne pas voir et/ou occulter les faits, ils rangent, sans avertir, la « luttes des classes » pour se transformer en simples relais de l’information, du bon côté du manche. Sur le site du NPA, par exemple, nous pouvons lire que « l’état-major de l’ASL et l’opposition syrienne ont appelé les différents groupes de l’ASL à condamner les combats entre frères et mis en garde de ne pas tomber dans le piège des affrontements internes suscités par le régime assassin de Bachar el-Assad ». Il s’agit rappelons-le d’une guerre dans la guerre où il y a une ASL qui combat aux côtés des djihadistes et une ASL qui combat aux côtés des Kurdes (encore un acteur ignoré dans la « lutte des classes » qui fait irruption). Nous aurions dû nous attendre à ce que cela soit une occasion de réviser les prémices et de remise en cause de la ligne adoptée. Il n’en est pas question, il est fait comme si…sauf que l’allusion à la « révolution » n’est plus de mise. Mais il y a quelque chose de plus déconcertant. C’est cet alignement sans hésitation de l’extrême-gauche européenne sur « son propre impérialisme » contre les autres. Le reproche est fait aux puissances occidentales de ne pas « aider » en armes l’ « opposition » ce qui « ne fait que pousser un Assad conforté par ses alliés russes, iraniens et libanais à accélérer son offensive criminelle ». Plus loin dans la dégénérescence il n’y a pas.

Ahmed Halfaoui


jeudi 18 juillet 2013

Ce mot de finance est un mot d'esclave !

Sitôt que le service public cesse d'être la principale affaire des citoyens, et qu'ils aiment mieux servir de leur bourse que de leur personne, l'État est déjà près de sa ruine. Faut-il marcher au combat? ils payent des troupes et restent chez eux; faut-il aller au conseil? ils nomment des députés et restent chez eux. À force de paresse et d'argent, ils ont enfin des soldats pour asservir la patrie, et des représentants pour la vendre. 

C'est le tracas du commerce et des arts, c'est l'avide intérêt du gain, c'est la mollesse et l'amour des commodités, qui changent les services personnels en argent. On cède une partie de son profit pour l'augmenter à son aise. Donnez de l'argent, et bientôt vous aurez des fers. Ce mot de finance est un mot d'esclave, il est inconnu dans la cité. Dans un pays vraiment libre, les citoyens font tout avec leurs bras, et rien avec de l'argent; loin de payer pour s'exempter de leurs devoirs, ils payeraient pour les remplir eux-mêmes. Je suis bien loin des idées communes; je crois les corvées moins contraires à la liberté que les taxes. 

Mieux l’État est constitué, plus les affaires publiques l'emportent sur les privées, dans l'esprit des citoyens. Il y a même beaucoup moins d'affaires privées, parce que la somme du bonheur commun fournissant une portion plus considérable à celui de chaque individu, il lui en reste moins à chercher dans les soins particuliers. Dans une cité bien conduite, chacun vole aux assemblées; sous un mauvais gouvernement, nul n'aime à faire un pas pour s'y rendre, parce que nul ne prend intérêt à ce qui s'y fait, qu'on prévoit que la volonté générale n'y dominera pas, et qu'enfin les soins domestiques absorbent tout. Les bonnes lois en font faire de meilleures, les mauvaises en amènent de pires. Sitôt que quelqu'un dit des affaires de l'État: Que m'importe? on doit compter que l'État est perdu. 

L'attiédissement de l'amour de la patrie, l'activité de l'intérêt privé, l'immensité des États, les conquêtes, l'abus du gouvernement, ont fait imaginer la voie des députés ou représentants du peuple dans les assemblées de la nation. C'est ce qu'en certain pays on ose appeler le tiers état. Ainsi l'intérêt particulier de deux ordres est mis au premier et second rang; l'intérêt public n'est qu'au troisième. 

La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu'elle peut être aliénée; elle consiste essentiellement dans la volonté générale, et la volonté ne se représente point: elle est la même, ou elle est autre; il n'y a point de milieu. Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires; ils ne peuvent rien conclure définitivement. Toute loi que le peuple en personne n'a pas ratifiée est nulle; ce n'est point une loi. Le peuple Anglais pense être libre, il se trompe fort; il ne l'est que durant l'élection des membres du parlement: sitôt qu'ils sont élus, il est esclave, il n'est rien. Dans les courts moments de sa liberté, l'usage qu'il en fait mérite bien qu'il la perde. 

L'idée des représentants est moderne: elle nous vient du gouvernement féodal, de cet inique et absurde gouvernement dans lequel l'espèce humaine est dégradée, et où le nom d'homme est en déshonneur. Dans les anciennes républiques, et même dans les monarchies, jamais le peuple n'eut des représentants; en ne connaissait pas ce mot-là. 

[...]à l'instant qu'un peuple se donne des représentants, il n'est plus libre; il n'est plus. 

Jean-Jacques Rousseau (1762), Du contrat social ou Principes du droit politique, p. 67 à 69

mercredi 3 juillet 2013

Le concept de nation (Otto Bauer)

[…] La nation est l’ensemble des hommes liés par la communauté de destin en une communauté de caractère. Par la communauté de destin ; ce trait distinctif la sépare des collectivités internationales de caractère comme la profession, la classe, la citoyenneté, qui reposent sur la similitude de destin et non sur la communauté de destin. L’ensemble des gens ayant le même caractère : c’est cela qui les sépare des communautés de caractère plus restreintes à l’intérieur de la nation, qui ne forment jamais une communauté de nature et de culture se déterminant elle-même, déterminée par un destin propre, mais qui sont en étroites relations avec l’ensemble de la nation, et sont donc déterminées par son destin. Ainsi, la nation était strictement délimitée à l’ère du communisme de parenté : elle était alors formée par l’ensemble de tous les descendants du peuple-souche de la mer Baltique (NDLR, origine supposée des peuples germaniques), dont l’esprit était déterminé par les destinées de ce peuple souche en vertu de l’hérédité naturelle et de la tradition culturelle. De même, la nation sera de nouveau strictement délimitée dans la société socialiste : la nation sera constituée par l’ensemble de tous ceux qui jouissent de l’éducation nationale et des biens culturels nationaux, et dont le caractère est donc formé par le destin de la nation qui détermine le contenu de ces biens culturels. Dans la société fondée sur la propriété privée des moyens de travail, ce sont les classes dominantes – autrefois les chevaliers, aujourd’hui les gens instruits – qui constituent la nation en tant que l’ensemble de ceux parmi lesquels une même éducation, modelée par l’histoire de la nation, et transmise par la langue unifiée et l’éducation nationale, produit une parenté des caractères. Les larges masses populaires cependant ne constituent pas la nation – ne la constituent plus, parce que l’antique communauté d’origine ne les lie plus assez étroitement, et ne la constituent pas encore, parce qu’elles ne sont pas encore totalement intégrées dans la communauté d’éducation en devenir. La difficulté de trouver une définition satisfaisante de la nation, sur laquelle ont buté jusqu’à présent toutes les tentatives, est donc conditionnée historiquement. On a voulu découvrir la nation dans notre société de classes, dans laquelle l’ancienne communauté d’origine aux contours très précis s’est désagrégée en une infinité de groupes tribaux et locaux, et où la nouvelle communauté d’éducation en voie de formation n’a pas encore pu réunir ces petits groupes en un tout national.

mercredi 26 juin 2013

Anticapitalisme et question nationale

Anticapitalisme et question nationale (27 mars 2013) Les trois partis politiques provinciaux prônant la souveraineté articulent tous un projet de Québec indépendant différent. Au nom de la nation, certains défendent l'unité des forces souverainistes tandis que d'autres s'y opposent. 

Dans les groupes socialistes, plusieurs voient l'indépendance du Québec comme une opportunité de détruire l'État fédéral canadien, d'attaquer les privilèges des élites et de reconstruire des liens plus égalitaires entre les nations. D'autres s'opposent à cette vision afin de ne pas diviser la classe ouvrière canadienne. 

Dans la mouvance anarchiste, beaucoup rejettent sans distinction toutes les composantes du mouvement indépendantiste québécois, qu'elles soient de gauche ou de droite. Pourtant, à l'instar de plusieurs maoïstes, ils appuient l'autodétermination des peuples autochtones, mais pas celui de la nation québécoise. 

Qu'est-ce qui explique toutes ces divergences? Et vous, quelle est votre position sur le sujet? 



















vendredi 14 juin 2013

Perspective historique sur la guérilla en Colombie


La moitié du pays sous contrôle, plusieurs organisations qui luttent ensemble, des quartiers entiers de villes sous influence de la guérilla...

La Colombie est un des pays où les révolutionnaires sont les plus en avant dans la lutte de par le monde. Il est important de la connaître.

D'ailleurs, la lutte guérillera en Colombie n'a pas été inventé en tant que telle par les organisations révolutionnaires communistes. En fait, la violence et la résistance sont des réalités depuis la colonisation de l'Amérique.

Ceux qui ont lu l'ouvrage de Gabriel Garcia Marquez, "Cent années de solitude ", connaissent l'ampleur de la répression qui a eu lieu. Une répression qui, au-delà des politiques conservatrices ou " progressistes ", a toujours visé le peuple. C'est pourquoi les guérillas d'aujourd'hui sont directement issues de la résistance des masses populaires.

La période de la guerre civile (1948-1953)

La " guerre des mille jours " (1897-1899) a été suivie d'une brutalité absolue contre les syndicats et les peuples indigènes. En 1928 l'United Fruit Company, la multinationale bien connue en Amérique latine, ordonna le massacre de centaines de travailleurs qui attendaient une délégation pour négocier.

dimanche 2 juin 2013

Un regard sur le modèle cubain de bien-être

À plusieurs occasions, j’ai demandé à mes étudiants quelles seraient les principales raisons de dire qu’il fait bon vivre à Cuba. La majorité des réponses étaient liées à l’accès à la santé, à l’éducation et à la sécurité sociale, qui effectivement sont les piliers de notre modèle socialiste. Cependant, pour les personnes les plus jeunes, ces réalités sont tellement intégrées à leur vie quotidienne qu’elles en deviennent trop banales ou restent figées dans un discours qui, à force d’être répété, perd de son intérêt.

J’irais jusqu’à dire qu’il existe un modèle cubain de bien-être qui a été assimilé avec une telle familiarité acritique qu’il en est devenu invisible à nos yeux mais, paradoxalement, il est présent dans le discours de nombreux Cubains qui ne vivent plus dans notre pays – précisément qui ont perdu ce mode de vie – ou dans celle de visiteurs qui vivent d’autres réalités dans leur pays d’origine. À propos de la vie quotidienne à Cuba, ce sont des difficultés dont on parle le plus souvent, notamment celles à caractère économique, alors que l’on n’entend peu parler de nos avantages et de nos forces.

Les récits entendus en consultation m’ont amenée à réfléchir longuement sur notre socialisme, vu comme une culture et une civilisation alternative. Lorsque les psychologues et autres spécialistes, nous avions participé à la bataille pour le retour d’Elian Gonzalez, l’enfant cubain retenu aux États-Unis, cette question était revenue avec force. Récemment, j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec plusieurs personnes âgées rapatriées, avec des enfants qui, sur décision de leurs parents, devaient aller vivre dans d’autres pays, ou avec des jeunes gens qui sont revenus d’Espagne après avoir été jetés à la rue parce qu’ils ne pouvaient pas payer leur loyer, si bien que je me suis de nouveau posée la question du modèle cubain de bien-être, à partir de leurs expériences vécues.

dimanche 19 mai 2013

L'autoritarisme au Québec, un mythe?


(Réponse à ceux qui veulent nous faire croire que c’est toujours pire chez le voisin)

Même si le printemps est de retour avec son lot d’habituels marronniers, l’actualité reste toujours aussi déprimante pour tous ceux qui ont déjà la nostalgie du printemps dernier. Outre les shows TV sur la corruption et les singeries de la politique institutionnelle qui m’ont très vite lassé, ce qui me désappointe au plus haut point est cette radicalité et cette impunité de plus en plus officielle des forces de répression au Québec, mais surtout son acceptation passive, pour ne pas dire son appui, de la part de la population. On pourra me répondre de bonne foi que le PQ a quand même mis en place une commission d’enquête sur le « Printemps érable », donc sur les éléments qui ont permis que la situation dégénère et que cela pourrait remettre les choses en place. Mais comme le dit monsieur Journet de La Presse « La commission n'enquêtera pas sur des actions particulières des policiers ou des manifestants », ce qui risque de ne servir qu’à étouffer le problème dans une conclusion four tout, car contrairement à ce que postule Mme Lysinane, dit la farceuse Gagnon dans sa satyre antisocial « Atrocité Montréalaise », il a belle et bien un problème de brutalité policière ou devrais-je dire plutôt un problème d’impunité policière au Québec.   

Tous ceux qui ont suivi minimalement les dernières manifestations de Montréal via les sites de journalisme alternatif, comme CUTV et 99% Média, ou les centaines de vidéos qui en sont dérivées, ne peuvent qu’être abasourdis de voir à quel point les policiers font vraiment ce qu’ils veulent. Évidemment, l’on me rétorquera que les manifestants ont la vilaine manie de les provoquer à l’excès et de trop souvent confondre le travail d’exécutant qu’ont les policiers à celui des législateurs et des juristes, ce qui rend leurs positions souvent peu crédible. Cela est vrai certes, mais depuis peu de temps je suis beaucoup moins enclin à accepter ce genre d’arguments, car avec le nouveau règlement municipal P-6 (espèce de loi 78 en plus tordue), les policiers ne sont plus que de simples exécutants, mais maintenant aussi de petits juristes en herbe, car ce règlement leur donne un pouvoir d’interprétation tout à fait aberrant sur ce qu’est une manifestation illégale ou non. Si nous considérons que ce règlement impose, en plus des organisateurs, la responsabilité de la légalité de la manifestation à chaque individu présent sur place, avec le risque inhérent de l’arrestation qui vient avec, pas besoin d’être complotiste pour comprendre que ce nouveau règlement donne le droit de vie ou de mort à toutes manifestations sur le sol Montréalais. Il est donc sans nul doute devenu impossible de manifester en sécurité si celle-ci conteste potentiellement quelque chose que les policiers n’aiment pas, donc à peu près toute forme de dénonciation de l’ordre établi. Il ne leur suffit pour ce faire que d’envoyer leur pote Sylvain dit ”le collabo” masqué ou bien faire semblant que la manif ne suis plus son itinéraire. Et hop ! Tous au cachot ! Avec une prime de départ de 637$ en moins pour bonne conduite (ceux qui ont résisté auront un ticket bien plus salé !). Ce règlement et toutes ses implications antisociales ont été magistralement bien critiqués par François Limoge et en démontre l’incontestable caractère arbitraire. Règlement qui ne respecte pas le moins du monde le droit d’expression et qui serait condamnée sans réserve si il avait lieu dans un des pays dit de « l’axe du mal », et probablement digne d’un « bombardement humanitaire » quelconque. 

mercredi 8 mai 2013

Entretien avec Paul Rose



Le 14 septembre 2000, Pierre Demers, Jean Gagné et Serge Gagné rencontraient Paul Rose pour placoter sur une possible collaboration pouvant permettre de présenter des aspects de la situation du Québec et tenter de retrouver des traces de notre mémoire.
C'était dans le rush des média qui voulaient avoir des scoops dans le cadre du trentenaire des évènements d'Octobre 70. Paul nous a donc parlé de ses humeurs quant aux sollicitations. Nous avons aussi discuté de certains sujets, une manière de mettre en situation ce que nous aurions voulu faire dans une éventuelle collaboration.
Quand nous avons appris le décès de Paul, nous nous sommes souvenus de cette rencontre dont nous avions gardé un souvenir privilégié.
Voilà ce que ce petit essai veut perpétuer. Cette soif de dire, de donner, de partager pour un pays, la nécessité de trouver toute son histoire et comprendre le lien entre les luttes.
Est-ce trop tôt ou trop tard? Il ne faut sûrement pas gardé le silence.

serge gagné, cinéaste
jean gagné, cinéaste
le 29 mars 2013

dimanche 5 mai 2013

Au faîte de mon clocher


Tant que mes jambes me permettent de fuir, tant que mes bras me permettent de combattre, tant que l’expérience que j’ai du monde me permet de savoir ce que je peux craindre ou désirer, nulle crainte : je puis agir. Mais lorsque le monde des hommes me contraint à observer ses lois, lorsque mon désir brise son front contre le monde des interdits, lorsque mes mains et mes jambes se trouvent emprisonnées dans les fers implacables des préjugés et des cultures, alors je frissonne, je gémis et je pleure. Espace, je t’ai perdu et je rentre en moi-même. Je m’enferme au faîte de mon clocher où, la tête dans les nuages, je fabrique l’art, la science et la folie.

Hélas ! Ceux-là même je n’ai pu les conserver dans le monde de la connaissance. Ils furent aussitôt utilisés pour occuper l’espace et pour y établir la dominance, la propriété privée des objets et des êtres, et permettre le plaisir des plus forts. Du haut de mon clocher, je pouvais découvrir le monde, le contempler, trouver les lois qui commandent à la matière, mais sans connaître celles qui avaient présidé à la construction du gros œuvre de ma cathédrale ; j’ignorais le cintre roman et l’ogive gothique. Quand mon imaginaire était utilisé pour transformer le monde et occuper l’espace, c’était encore avec l’empirisme aveugle des premières formes vivantes.

Les marchands s’installèrent sur le parvis de ma cathédrale et c’est eux qui occupèrent l’espace jusqu’à l’horizon des terres émergées. Ils envahirent aussi la mer et le ciel, et les oiseaux de mes rêves ne purent même plus voler. Ils étaient pris dans les filets du peuple des marchands qui replissaient la terre, la mer et l’air, et qui vendaient les plumes de mes oiseaux aux plus riches. Ceux-ci les plantaient dans leurs cheveux pour décorer leur narcissisme et se faire adorer des foules asservies.

Le glacier de mes rêves ne servit qu’à alimenter le fleuve de la technique et celle-ci alla se perdre dans l’océan des objets manufacturés. Tout au long de ce parcours sinueux, enrichi d’affluents nombreux, de lac de retenue et du lent déroulement de l’eau qui traversait les plaines, les hiérarchies s’installèrent.

Les hiérarchies occupèrent l’espace humain. Elles distribuèrent les objets et les êtres, le travail et la souffrance, la propriété et le pouvoir. Les plumes bariolées des oiseaux de mes rêves remplissaient l’espace au hasard comme le nuage qui s’échappe de l’oreiller que l’on crève avec un couteau. Au lieu de conserver la majestueuse ordonnance de la gorge qui les avait vus naître, elles s’éparpillaient au hasard, rendant l’air irrespirable, la terre inhabitable, l’eau impropre à tempérer la soif. Les rayons du soleil ne trouvèrent plus le chemin qui les guidait jusqu’au monde microscopique capable de les utiliser pour engendrer la vie. Les plantes et les fleurs asphyxiaient, les espèces disparurent et l’homme se trouva seul au monde.

Il se dressa orgueilleusement, face au soleil, trônant sur ses déchets et sur ses oiseaux morts. Mais il eut beau tendre les bras, et refermer ses doigts sur les rayons impalpables, nul miel n’en coula.

Et du haut du clocher de ma cathédrale je le vis s’étendre et mourir. Le nuage de plume, lentement, s’affaissa sur la terre.

A quelque temps de là, perçant le tapis bariolé dont il l’avait recouverte, on vit lentement poindre une tige qui s’orna bientôt d’une fleur. Mais il n’y avait plus personne pour la sentir. 

Henri Laborit

mercredi 1 mai 2013

L'histoire du 1er mai


Parmi tous ceux qui défilent le 1er mai, combien savent vraiment ce pour quoi ils manifestent? Outre le fait que ce jour commémore le combat ouvrier, saviez-vous que celui-ci tire ses origines d’un des principaux combats syndicaux du 19e siècle, soit celui de la limitation de la journée de travail à 8h? Au-delà de la simple tradition, et contrairement à notre « Fête du travail » le premier lundi de septembre, ce jour n’en est pas un de fête, mais de combat. Doublé d’un jour de souvenir, afin que l’on se souvienne du massacre de Haymarket Square dans les premiers jours de mai 1886 à Chicago. Cette belle journée de Beltaine, celle qui précède les beaux jours d’été, est malgré tout pour ceux qui l’honorent un symbole d’espoir, car la cause ouvrière, quoique plus avancée aujourd’hui qu’elle ne l’était à l’époque, est toujours un combat d’avant-garde et une nécessité pour tous ceux qui croient encore en l’avenir. Enfin, retournons un petit peu dans le passé afin de se remémorer les évènements qui ont fait de cette date ce qu’elle est aujourd’hui.

L’histoire de la journée internationale du travail commence chez les travailleurs australiens qui ont eu l’idée de faire une grève de masse le 21 avril 1856 comme moyen de pression afin d’obtenir une baisse raisonnable de la journée de travail, soit à 8h. La journée typique pour un prolétaire en usine (tout pays industriel confondu) était à l’époque d’au moins 10 à 12 h par jour. Cette grève contre toute attente fut un succès retentissant, ce qui fit que l’expérience se devait d’être reproduite ailleurs.

dimanche 7 avril 2013

La société contre l’Etat : La pensée de Pierre Clastres


« L’histoire des peuples qui ont une histoire est, dit-on, l’histoire de la lutte des classes. L’histoire des peuples sans histoire, c’est, dira-t-on avec autant de vérité au moins, l’histoire de leur lutte contre l’Etat. »

Cet ouvrage n’est pas à proprement parler un essai, mais un recueil d’articles écrits par l’anthropologue communiste (tendance anarchiste) Pierre Clastres autour du thème du pouvoir dans le politique – et dont ne seront analysés ici que les éléments abordant cet aspect.

Pour Clastres, seuls deux extrêmes opposés existent : sociétés à Etat, fondées sur les relations de commandement-obéissance, propices donc au pouvoir comme coercition et potentiel d’exploitation, d’une part ; et d’autre part les sociétés sans Etat, où le pouvoir n’est pas coercitif, essentiellement les sociétés archaïques, archaïsme défini comme la présence d’une économie dite de « subsistance » et l’absence d’écriture. Toute société se rangerait à ses yeux dans l’une ou l’autre de ces catégories, sans qu’il existe de modèles intermédiaires.

Grands despotismes archaïques, monarchies, systèmes sociaux contemporains, « que le capitalisme y soit libéral comme en Europe occidentale, ou d’Etat comme ailleurs » sont donc toutes des sociétés « à Etat », par opposition par exemple aux chefferies amérindiennes, où le pouvoir n’est que de prestige, et qui sont « sans Etat ».

samedi 23 mars 2013

Régis Debray : « La mémoire est révolutionnaire. »


Le dernier ouvrage de Régis Debray, Modernes catacombes (janvier 2013), dit vouloir questionner le rôle et la fonction littéraires. Certes. Mais on décèle, en creux, le leitmotiv d’une œuvre de presque un demi-siècle : « la mémoire est révolutionnaire ». Insurgés de tous les pays, tournez la tête !

Debray chérit le démodé, le délavé, les teintes un peu jaunies par un temps passant sans doute trop vite. L’écrivain – il n’aime pas, ou plus, qu’on le nomme philosophe – a toujours eu le mal d’un pays inconnu : avant. Mais qu’on ne s’y méprenne pas : l’âme féodale croit que tout y était mieux et qu’il conviendrait d’y retourner séance tenante ; l’âme rétive croit qu’un pied dans ce territoire oublié, sinon perdu, permet d’élancer l’autre vers l’avenir. Notre époque se consume dans l’instant présent ; repères, attaches, racines : vocabulaire réactionnaire et fascisant. Puisque tout doit être tout de suite, alors cavalons dans l’immédiat… et laissons les rennes à ceux qui se réjouissent d’un sur-le-champ sans champs de bataille : les ennemis du socialisme.

Son livre se présente comme une série de portraits et de réflexions thématiques : Sollers (l’air du temps, simili et sans souffle), Foucault (philosophe dit des marges mais devenu le cœur de l’institution), le registre autobiographique, Breton (artiste à rebours), de Gaulle, Sartre (généreux rebelle, nonobstant les ratages), le genre épistolaire, Gary, et nous en passons… Les curieux liront l’ouvrage.

vendredi 15 mars 2013

Le FLQ et la lutte des classes


Entrevue et photos : Pierre Klépock
Pour Paul Rose, la question nationale et sociale au Québec est une lutte de classe ouvrière dans une perspective anti-capitaliste et anti-impérialiste. Et l’internationalisme entre les classes populaires du Québec et d’ailleurs n’est pas un internationalisme de départ à sauvegarder, mais un internationalisme à construire.

« La lutte de libération nationale est une lutte de classe, parce que c'est le peuple et les classes populaires qui subissent la véritable oppression », soutient Paul Rose.

À ceux qui prétendent que mener une lutte de libération nationale et d’émancipation sociale au Québec ça fait nationaleux, il a ceci à leur répondre : « Pour moi, les nationaleux, c'est ceux qui portent le fédéralisme canadien au dessus et malgré les peuples ».

« Le nationalisme québécois, je regrette, mais c'est un nationalisme de libération. C'est un peuple auquel on nie l'existence, qui essai de trouver sa place au soleil. La même chose en Palestine, en Irlande, etc. Se sont de longues batailles de libération menées par les classes populaires », plaide-t-il.

« Ce n'est pas le degré d'agression et de résistance qui fait qu'il y a oppression ou pas. Actuellement, les Palestiniens et les Irlandais rentrent dans des rapports moins ouverts d'agression, mais cela ne veut pas dire qu'il y a moins d'oppression », continue Paul.  

« L'oppression nationale c'est la négation d'existence et d'appartenance d'un peuple. Et la seule façon d'être solidaire avec tous les peuples, c'est d'exister. Car l'existence, c'est le début de la solidarité », argumente Paul. 

« Exister de façon autonome, de façon à se reprendre en main, à s'organiser sur le terrain, c'est cela qui est essentiel. Si on pense seulement en terme de surface, on n’arrive pas dans la réalité. La réalité humaine se développe à partir du terrain, à partir du quartier, de la ville, de la région. On ne créera pas de solidarité internationale si on le fait par-dessus les appartenances terrain. L'indépendance et la pleine autonomie des peuples, c'est là-dessus que doit se bâtir l'internationalisme, car l'internationalisme ne peut pas avoir de sens s'il n'y a pas de nations », termine Paul Rose.

« L'oppression nationale c'est la négation d'existence et d'appartenance d'un peuple. Et la seule façon d'être solidaire avec tous les peuples, c'est d'exister. Car l'existence, c'est le début de la solidarité »

Poing levé, Paul Rose arrive au vieux Palais de Justice de Montréal. Peu après son arrestation, il est condamné à perpétuité de façon expéditive. Le système carcéral lui fera subir un régime spécial. Il fera près du tiers de son temps au trou, 23 heures et demie sur 24. Avec 12 ans de pénitentier, il demeure un des prisonnier politique les plus longtemps incarcéré dans le monde. Sa famille, le mouvement ouvrier et plusieurs artistes québécois feront tout pour le sortir des prisons infectes du fédéral.

jeudi 14 mars 2013

En hommage à Paul Rose (1943-2013)



Nous nous sommes connus, Paul Rose et moi, dans des circonstances dramatiques. C'était pendant ce qu'on a appelé le « lundi de la matraque », le 24 juin 1968. Sur le mot d'ordre du FLP (Front de libération populaire), créé après la dissolution du RIN et dirigé par Andrée Ferretti, de nombreux militants indépendantistes s'étaient donné rendez-vous au parc La Fontaine, pendant le défilé de la Saint-Jean-Baptiste, qui ne portait pas encore le nom de Fête nationale du Québec. Le but était de protester contre la présence de Pierre-Elliot Trudeau sur l'estrade d'honneur, parmi d'autres dignitaires sensés représenter la fierté québécoise. Pour celui qui allait être élu, le lendemain, premier ministre du Canada, le vaste mouvement de libération nationale du Québec, toutes tendances confondues, n'avait qu'une valeur ethnique, donc réactionnaire.

Il commençait à faire nuit, ce 24 juin, et les premières chaleurs de l'été invitaient à la détente. Pourtant le parc La Fontaine ressemblait de plus en plus à une arène de boxe, à la différence qu'une partie des combattants était armée de matraque et l'autre manifestait à main nue. Bien sûr, quelques bouteilles vides de boissons gazeuses avaient été lancées sur l'estrade du déshonneur, de l'autre côté de la rue, mais il fallait être un lanceur exceptionnel pour prétendre atteindre la cible visée, soit Pierre-Elliot Trudeau.

Alors que je tentais de prêter main forte à un manifestant allongé par terre en arrêtant un policier qui le frappait, j'ai reçu un premier coup de matraque sur la tête. Le coup m'était venu par derrière, sans que je m'y attende. Je me souviens d'avoir vu des étoiles, comme celles que l'on voit dans les bandes dessinées lorsqu'une personne est frappée de la sorte, puis j'ai perdu connaissance.

J'ai retrouvé mes esprits quelques instants plus tard, j'imagine, car j'avais perdu la notion du temps. J'étais dans un fourgon cellulaire, littéralement dans les bras d'un géant qui me regardait du seul œil fonctionnel qu'il avait. Il enleva rapidement sa chemise et commença à éponger mon visage couvert de sang. J'avais reçu non pas un mais deux coups de matraque et la tête m'élançait.

Ce qui m'impressionna d'emblée chez ce colosse fut son calme et la pleine maîtrise de la situation. Il faut dire qu'il en imposait, aussi bien par sa taille que par son regard perçant. On aurait dit que porter secours à ses proches, dans des conditions périlleuses, était la chose la plus naturelle. Je sentais une chaleur réconfortante. J'ai toujours gardé de cette première rencontre une impression impérissable. Sans un mot, nous nous sommes reconnus. Je venais de découvrir un camarade.

Nous nous sommes revus, dès notre libération, pour publier un livre aux éditions Parti pris de Gérald Godin sur « le lundi de la matraque ». Plus de 300 personnes avaient été arrêtées et brutalisées et nous voulions rassembler le plus de témoignages possibles. Puis nous avons rencontré Pierre Harel, qui a tourné un film sur ces événements et ces témoignages, intitulé Taire des hommes, qui rappelait la Terre des hommes de l'Exposition universelle de Montréal, l'année précédente.

Ce fut le début d'une belle solidarité qui nous mena jusqu'aux événements d'Octobre 1970, en passant par la Maison du pêcheur. Des deux cellules qui se formèrent, à l'été 1970, celle de Paul Rose était sans doute celle qui avait le plus une vision à long terme du combat à mener. Paul avait le sens de l'organisation, il savait que pour gagner, il fallait posséder une bonne infrastructure, pour durer aussi longtemps que possible. Notre cellule était pressée de passer à l'action et ce n'était pas son choix. C'est sans doute lui qui avait raison.

Sa mort subite me rappelle celle de nombreux autres militants et patriotes partis trop tôt, c'est-à-dire avant qu'ils aient pu assister à la naissance de ce Québec souverain pour lequel ils ont tant lutté, sans rien demander en retour.

Aujourd'hui je pleure la mort d'un doux guerrier.

Jacques Lanctôt

jeudi 7 mars 2013

Déclaration du Gouvernement révolutionnaire : Hasta siempre, Comandante !


C’est avec un douleur profonde et lancinante que notre peuple et le Gouvernement révolutionnaire ont appris la nouvelle du décès du Président Hugo Chavez Frias, et nous tenons à lui rendre un hommage vibrant et patriotique pour son entrée dans l’Histoire comme un enfant illustre de Notre Amérique.

Nous adressons nos plus sincères condoléances à ses parents, à ses frères, à ses filles et à son fils, ainsi qu’à toute sa famille, qui est désormais la nôtre, tout comme Chavez est aussi un enfant de Cuba, de l’Amérique latine et de la Caraïbe, et du monde.

En ce moment d’immense tristesse, nous partageons les plus profonds sentiments de solidarité avec le peuple vénézuélien, que nous accompagnerons en toutes circonstances.

Que la Révolution bolivarienne soit assurée de notre soutien le plus total et inconditionnel en ces journées difficiles.

Nous tenons également à réitérer notre soutien, notre encouragement et notre foi dans la victoire aux camarades de la Direction politico-militaire bolivarienne et du Gouvernement vénézuélien.

Le Président Chavez a livré une bataille extraordinaire tout au long de sa vie courte et féconde. Nous nous souviendrons toujours de lui comme le militaire patriote au service du Venezuela et de la Grande Patrie ; comme l’honnête, lucide, téméraire et vaillant combattant révolutionnaire ; comme le leader et commandant suprême qui a réincarné Bolivar, accomplissant son œuvre inachevée ; comme le fondateur de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de Notre Amérique et de la Communauté des États latino-américains et caribéens.

Son combat héroïque et courageux contre la mort constitue un exemple inégalable de fermeté. Le dévouement admirable de ses médecins et infirmière a été une prouesse d’humanisme et d’abnégation.

Le retour du Président dans sa très chère Patrie vénézuélienne a changé l’histoire. « Nous avons une Patrie ! », s’était exclamé Chavez avec émotion le 8 décembre dernier, et il y est retourné pour affronter les plus grands risques que lui imposait sa maladie. Rien ni personne ne pourra arracher au peuple vénézuélien sa Patrie retrouvée.

Toute l’œuvre de Chavez nous apparaît invaincue. Les conquêtes du peuple révolutionnaire, qui le sauva du putsch d’avril 2002, et qui l’a suivi sans hésiter, sont désormais irréversibles.

Le peuple cubain le revendique comme l’un de ses enfants les plus illustres, et l’a admiré, suivi et aimé comme l’un des siens. Chavez est aussi cubain ! Il a senti dans sa propre chair nos difficultés et nos problèmes, et il a fait tout ce qu’il a pu, avec une extrême générosité, en particulier durant les années les plus dures de la Période spéciale. Il a accompagné Fidel comme un véritable fils, et son amitié avec Raul fut profonde.

Il a brillé dans les batailles internationales face à l’impérialisme, toujours dans la défense des pauvres, des travailleurs, de nos peuples. Enflammé, persuasif, éloquent, ingénieux et émouvant, il parlé depuis les entrailles des peuples, il a chanté nos joies et déclamé nos vers passionnés avec un éternel optimisme.

Les dizaines de milliers de Cubains qui travaillent au Venezuela lui rendront hommage en accomplissant avec ferveur leur devoir internationaliste, et ils continueront d’accompagner avec honneur et altruisme l’épopée du peuple bolivarien.

Cuba gardera une loyauté éternelle à la mémoire et à l’héritage du Commandant Président Chavez, et persistera dans ses idéaux d’unité des forces révolutionnaires et d’intégration et d’indépendance de Notre Amérique.

Son exemple nous guidera dans les prochaines batailles.

mercredi 6 mars 2013

Jean-Claude Michéa et Janette Habel à propos d'Hugo Chavez

Jean–Claude Michéa, Philosophe et Essayiste, vient de publier aux éditions du Climats Les Mystères de la gauche, de l’idéal des lumières au triomphe du capitalisme absolu. Et Janette Habel, Maître de conférences à l'Institut des hautes études d'Amérique latine.


Les matins - Jean-Claude Michéa et Janette Habel par franceculture