mardi 25 septembre 2012

Tasers ® Idéologiques contre une gauche automnale : l’hiver s’annonce rude


“Si vous prenez l’habitude d’accepter ce que dit quelqu’un sans en contrôler la valeur, vous vous apercevrez que les autres vous feront haïr vos amis et aimer vos ennemis. Si vous ne le faites pas, alors vous serez toujours manipulés. Vous ne combattrez jamais vos ennemis, vous vous combattrez vous-mêmes." Malcolm X

Il y a quelques années, lorsqu’un parti de gauche a annoncé qu’il ne participerait pas à des manifestations de soutien à la Palestine en cas de présence de femmes voilées, je me souviens d’avoir eu immédiatement cette pensée « quelle bande de crétins ». Non pas à cause de leur hostilité au port du voile (ce n’est pas l’objet de mon propos), mais parce qu’ils venaient de commettre une faute tactique élémentaire. Je me suis simplement dit « Mon Dieu, quelle aubaine pour les sionistes qui n’auront plus qu’à envoyer une ou deux femmes voilées dans les manifs pro-palestiniennes pour provoquer illico la débandade ». Il faut être ballot pour tendre le pistolet, le chargeur et les balles et annoncer à la ronde « voici mon pied. Feu à volonté »...

C’est ainsi qu’on finit un jour par ne même plus prévoir de participer à une manifestation pour la Palestine, parce qu’il y le risque de se voir prendre en photo près d’une femme qui porte... Oh Mon Dieu et Allah Akhbar... un voile ! Alors Gaza et ses cratères attendront car il y a des engagements qui ne tiennent qu’à un fil. La carte de remerciements que vous recevez le lendemain est discrètement signée "M", pour Mossad (ou quelque chose de similaire).

René Balme, maire de Grigny (69) qui a un magnifique (et très original) bilan de gestion et d’expérience de démocratie directe avec la population, s’est vu récemment traîner dans la boue dans un article rempli de mots en "isme" (en fait, un quasi copié/collé de dizaines d’articles déjà publiés ailleurs sous d’autres pseudos contre d’autres personnes) publié par Rue89 et signé Ornella Guyet, une « journaliste » sortie d’on ne sait où et autoproclamée « radicale et révolutionnaire anti-fa », aux multiples pseudos, et administratrice de réseaux « alters radicaux » financés par le milliardaire George Soros et qui ne rechigne pas de participer à des journées d’études organisées par des néocons à Paris. Cette spécialiste des « relations troubles » - selon une de ses expressions fétiches - sait de quoi elle parle.

Par contre, je n’avais jamais remarqué que Rue89 ouvrait ses colonnes aux « anarcho-révolutionnaires ». Avis à la mouvance anar : Rue89 est votre ami. Ou alors c’est l’exception qui confirme la régle et qui tombe fortuitement à pic. Comme c’est ballot. D’un autre côté, le passage en un « éclair de courte durée » (j’aime beaucoup la citer) du statut d’archi-rebelle à celui de contributrice à la grande presse capitaliste n’est pas une nouveauté. Après tout, « grattez un extrémiste, en-dessous vous trouverez un opportuniste » (Lénine).

Et la réaction du Parti de Gauche ? En toute logique, il a tendu le pistolet, le chargeur et les balles et s’est même dessiné une cible sur le pied. « Avec ça, vous ne pouvez pas me rater ». Oh, encore ballot.

La seule réaction que j’imagine en face est celle-ci : « Mince, ça a marché. C’est trop facile. Vite recommençons. »

La figure imposée est celle-ci : untel est sulfureux ; Pascal Riché (rédacteur en Chef de Rue89), membre éminent de la Fondation Franco-Américaine, ne l’est pas ; Untel, avec 30 ans de militantisme exemplaire au compteur, est sulfureux ; Ornella Guyet, mystérieuse antifa surgie d’on ne sait où et aux accointances néoconservatrices et financée par Soros, ne l’est pas.

Vous comprenez ?

Le piège est celui-là : vous aurez beau vous défendre de tous les nouveaux mots en "isme", beau vous expliquer, vous ne vous expliquerez jamais assez. Jamais. S’ils trouvent un os, ils le rongent. S’ils n’en trouvent pas, ils iront en chercher un à côté et vous demanderont ce que vous faites à proximité. S’ils n’en trouvent pas à proximité ils trouveront quelqu’un qui... Et si vous arrivez à prouver que ce n’est pas un os, ils diront que cela en a la forme et donc que pour vous, cela symbolisait un os, mais au niveau de l’inconscient, quoi, t’vois ? En dernier ressort, lorsqu’il n’y a ni os ni forme d’un os, il diront que vous cachez bien votre jeu. Ce qui veut dire que vous cachez quelque chose. Et ce quelque chose, c’est... forcément un os - sinon vous ne le cacheriez pas.

Vous comprenez ?

Et leur seule satisfaction ne seront pas des aveux (lesquels ?) mais de vous voir réduit au silence et à l’inaction. Pourquoi ? Parce que c’est ça leur objectif.

Le constat s’énonce ainsi : au nom de périls inventés de toutes pièces par certains et relayés par d’autres qui n’ont apparemment rien de mieux à faire de leurs journées, la gauche se retrouve petit à petit comme le type qui peint le sol en commençant du mauvais côté de la pièce pour finir acculé dans un angle. Dans ce cas il faut bien inventer une excuse parce que, sinon, on a vraiment l’air ballot.

On peut choisir de livrer de grands combats dans sa vie. On peut aussi choisir la facilité et capituler en rase-campagne en invoquant un cas de force majeure qui sera d’autant plus exagéré que la capitulation aura été minable. Un peu comme ferait un chevalier qui rentre chez lui après une nuit de jeux et de beuveries. A sa femme qui lui demande ce qui lui est arrivé et que sont devenues l’armure et l’épée qu’elle lui avait offertes pour son anniversaire, il répond « Euh... j’ai été attaqué par un dragon ». Devant sa moue dubitative, il s’empressera de rajouter : « Un ENORME dragon  ». A partir de là et à chaque fois qu’on lui demandera d’aller sauver une demoiselle en détresse, il rétorquera : « j’peux pas sortir, y’a un dragon ».

C’est ainsi que nous sommes devenus ce que nous sommes : la risée de nos adversaires.

La technique est la suivante : par effets d’amalgames successifs et de répétitions ad nauseam, à chaque grande cause potentielle sera associé un qualificatif « épouvantail », véritable « taser® idéologique » aux effets paralysants. Exemples :


Essayez donc d’aborder sérieusement un seul de ces thèmes sans recevoir un coup de taser® idéologique en retour... Mais heureusement qu’il nous reste des sujets tels que les pistes cyclables et le mariage homosexuel. Youpi.

Mais pensez-vous réellement qu’un authentique anti-complotiste s’en prendrait à ceux qui demandent pourquoi et comment la troisième tour du 11/9 est tombée - plutôt qu’au rapport officiel ?

Pensez-vous réellement qu’un authentique anti-confusionniste s’en prendrait à ceux qui aimeraient empêcher le bombardement de la Syrie - plutôt qu’à ceux qui prônent les guerres humanitaires au nom de la démocratie ?

La vérité à mes yeux est celle-ci : la quasi-totalité de ceux qui lancent ces accusations 1) n’en croient pas un mot et/ou servent d’autres intérêts ; 2) n’ont aucune qualification pour le faire ; 3) font preuve eux-mêmes et a contrario d’une imposture qui s’auto-alimente sur le mode : moi je suis un anti-confusionniste parce que j’accuse untel d’être un confusionniste...

Tu parles : comme si on n’avait jamais vu un voyou accuser quelqu’un d’être méchant.

Et la lumière fut :

- l’observateur attentif remarquera que lorsque quelqu’un emploie un seul de ces « tasers® idéologiques », vous pouvez être sûr et certain qu’il les emploiera tous - ce qui est le symptôme même d’une activité cérébrale purement mécanique et conditionnée, un véritable « certificat de conformité » à la propagande.

- On constatera aussi qu’ils sont interchangeables. Ce qui démontre que leur signification première n’a aucune importance. Puisqu’ils sont interchangeables, leur signifiant est purement symbolique, pour ne pas dire totémique, et pointe vers un même signifié. Plusieurs mots pour un seul sens, donc. Lequel ? J’ai beau chercher, je n’en vois qu’un : « hérésie ».

Tous ces nouveaux mots en "isme", sans véritable sens puisqu’ils sont interchangeables et interchangés, ne sont que des variations modernes d’un mot tombé en désuétude.

Et soudain, tout s’illumine et les pièces du puzzle se mettent en place : l’ancien anathème a été modernisé par les prêtres, gourous et fanatiques des églises modernes, mais tous les symptômes sont là, intacts à travers les âges. Les mêmes tabous, les mêmes hystéries, les mêmes vindictes. Les mêmes manipulations, les mêmes excommunications et la même trouille autour. Comment ne l’avais-je pas remarqué plus tôt ? Quel ballot...

Pour conclure, je me vois dans l’obligation et le devoir d’apporter une dernière petite contribution à cette gauche qui n’en finit pas de s’enfermer dans un coin de manière ballot : Lorsque nos réactions sont totalement prévisibles, nous devenons manipulables.

Il ne faut quand même pas avoir obtenu une Maîtrise en Stratégies de Résistance pour comprendre ça, non ?

Viktor Dedaj
« Winter is coming »